LES EPARGES

ME11 Nécropole nationale française du Trottoir

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Située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Verdun, en bordure des Hauts-de-Meuse, la crête des Eparges est l’un des observatoires les plus avancés dans la plaine de la Woëvre, elle culmine à 350 mètres. Un panorama exceptionnellement ouvert et étendu se développe depuis l le Point A, à l’ouest, qui domine le ravin des Quanottes, le Point C au centre-sud, qui contrôle  le col de la Crête de Combres, et le Point X, à l’est, veille sur la plaine de la Woëvre. Inscrit dans la forêt domaniale, la nécropole française du Trottoir est implantée au pied de la crête  sur un site constitué d’entonnoirs, de sapes  où  de nombreux  monuments commémoratifs ont été élevés,

Le cimetière est localisé en bordure de la forêt, à flanc de côte, à 800 mètres du village des Eparges. On y accède directement par la route. Son plan est quasi rectangulaire. Deux piliers en pierre calcaire blanche et un portail métallique vert indiquent l’entrée. A proximité, se trouve un panneau explicatif sur les batailles des Hauts de Meuse en 1914/1918 et les nécropoles. Des bouleaux, des marronniers, des prunus, des épicéas et des érables entourent la nécropole où reposent 2960 corps de soldats de l’armée française dont 852 en ossuaire. Elles se répartissent sans symétrie de part et d’autre de l’allée principale en 3 et 4 sections. Au centre du cimetière, les quatre grands ossuaires et son monument en pierre calcaire blanche érigé à la mémoire de ces soldats inconnus.

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Il est entouré d’un petit muret en pierre aux côtés bordés de haies de cotonéaster. Derrière le mât avec le drapeau français, le monument est orné d’une croix latine en pierre de taille. De part et d’autre y figurent les années 1914 et 1918 et une inscription gravée indiquant « Ici reposent 852 soldats français inconnus morts pour la France ». A gauche et à droite sont apposées deux plaques de marbre blanc où figurent en lettres dorées des noms de soldats.

A partir du 21 septembre 1914, les Allemands développent sur la crête des Eparges une forte organisation de blockhaus et de réseaux de tranchées. La tâche de la reconquête échoit à la 12e division d’infanterie, où sert l’écrivain Maurice Genevoix. La reconquête reste incomplète. L’offensive générale reprend le 18 mars 1915, elle est très meurtrière. A partir de la mi-avril, la guerre des mines s’installe et se prolonge jusqu’en septembre 1917. Ces mines creusent de spectaculaires cratères dont 18 sont toujours visibles. Les Français perdent 50 000 hommes dont 10 000 tués ou disparus ; les pertes allemandes sont comparables. On assiste à la « lunéarisation » du sol signifiant le caractère extrême des affrontements.

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Créée en 1915, la nécropole ne recueille pas tous les morts. Des soldats sont aussi inhumés dans  des petits cimetières épars et des tombes isolées sur le champ de bataille. Le grand cimetière dit « du Bois des Eparges » de 1915 et celui du ravin de Sonvaux disparaissent totalement en raison des bombardements puis sont retrouvés après la guerre, grâce aux renseignements fournis pas d’anciens aumôniers militaires. Environ 200 corps identifiés sont alors rapatriés par les familles. Les 1600 hommes sont inhumés en tombes individuelles. Les inconnus retrouvés sur le terrain et ceux exhumés des fosses communes sont alors inhumés dans les 4 grands ossuaires du point central (852 corps plus le carré des inconnus). Après cet aménagement réalisé en 1922, on retrouve près de 900 corps dans des fosses communes dans le Ravin de la Mort d’où, en 1924, un nouvel agrandissement de la nécropole et son plan dissymétrique. Les inconnus et restes humains sont transférés à l’Ossuaire de Douaumont au caveau « Les Eparges », ce qui suscite de vives réactions de la part des familles qui pensent que l’Etat souhaite désaffecter la nécropole. Le regroupement en 1933- 1934, des corps exhumés des cimetières militaires des environs et de Mesnil-sous-les Côtes met fin à la rumeur. La nécropole est refaite en 1958. En 1993, l’entrée est rénovée. Entre 2005 et 2007, le monument central est reconstruit à l’identique en pierre d’Euville.

Chaque lundi de Pâques se tient la cérémonie traditionnelle commémorant les combats des Eparges.  L’écrivain Maurice Genevoix, ancien combattant des Eparges, s’y rend jusqu’à sa mort en 1980 et se recueille sur la tombe de son ami, Robert Porchon, tué en février 1915. Les Eparges sont au cœur de l’œuvre littéraire de Maurice Genevoix, Ceux de 14, et de celle de l’écrivain allemand Ernst Jünger, dans Orages d’acier. Depuis les années 1990, le Mémorial de Verdun organise « Les classes Genevoix », incitant les élèves, à partir de documents, témoignages et visites de terrain, à découvrir ce site majeur de l’histoire de la Grande Guerre.