Justification de l’inscription

Brève synthèse

Les sites funéraires et mémoriels retenus forment les éléments constitutifs de la série proposée pour inscription. Ils témoignent d’un rapport à la mort du soldat au combat entièrement nouveau. Ces soldats sont en effet pour la première fois massivement des civils mobilisés, issus de toutes les classes sociales, dans tous les États. Les pertes humaines inouïes, dues au caractère industriel et total de la Première Guerre mondiale, transforment profondément les rites funéraires. Seul un nouveau culte des morts, dont l’identité individuelle est pour la première fois reconnue par tous, apporte une réponse humaine et universelle à l’inhumanité de la guerre. Cette nouvelle mémoire funéraire s’exprime par des cimetières constitués de tombes individuelles se répétant en très grand nombre. Leur uniformité traduit l’égalité devant la mort en priorité de toute autre considération, tout en respectant les croyances individuelles. L’inscription des noms sur les mausolées et les mémoriaux répond d’abord à la volonté de garder le souvenir des combattants dont le corps n’a pas été retrouvé ou identifié. Ils sont les compléments naturels de ces cimetières.
Tous les éléments constitutifs reflètent aussi le caractère international du conflit, qu’ils s’agissent de cimetières ou de mémoriaux explicitement associés à l’un des belligérants ou rendant hommage à des soldats originaires du monde entier. Les sites funéraires et mémoriels vont de la simple stèle au monument commémoratif et aux grands mémoriaux nationaux. Ils témoignent d’un mouvement architectural totalement nouveau, propre à chaque belligérant et qui se poursuit aujourd’hui. Tous gardent le souvenir des victimes (militaires et civiles) et portent témoignage de la souffrance et du deuil de masse. Bien que centrés sur la mort du soldat, ces sites funéraires et mémoriels rappellent en permanence, par leur symbolique, que chaque homme tombé était aussi un père, un fils ou un époux. Ce culte funéraire est dès lors plus qu’un culte combattant, il est un culte civil et humaniste qui invite au recueillement puis, progressivement, à la réconciliation et à la paix.