Une ambition, un défi
Une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO représente toujours un défi. Le bien dont l’inscription est envisagée doit tout d’abord présenter une valeur universelle exceptionnelle, ensuite être intègre et authentique, et enfin présenter la garantie totale de la bonne conservation. Rares dans le monde sont les sites qui peuvent présenter ses quatre qualités. Si plus de 1000 biens sont aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, la majorité est européenne (Italie, France, Espagne, etc.) ce qui rend d’autant plus difficile l’inscription de nouveaux sites français sur cette liste prestigieuse. C’est donc ce double défi que doit relever l’association Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre.
Pourquoi relever ce défi ? Pour cinq raisons essentielles. D’abord parce que la Grande Guerre est rentrée dans le temps de l’Histoire. Pendant près de neuf décennies, l’histoire de cette guerre a été transmise par les témoins : les anciens combattants. En France, près de 8 millions d’hommes ont été mobilisés entre 1914 et 1918, et plus de 6 millions ont milité dans les associations d’anciens combattants à partir des années 1920. Ce sont ces poilus qui se sont transformés progressivement en Hommes Témoins. La disparition de Lazare Ponticelli a ouvert un nouveau temps, celui des historiens et des sites. Aujourd’hui, ce sont les lieux qui portent le témoignage de la Grande Guerre. Ce sont ces lieux qu’il faut, dès lors, sauvegarder, coordonner, ouvrir aux jeunes générations afin qu’ils soient à leur tour passeurs de mémoire.
Le projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial donne aux lieux de mémoire de la Grande Guerre une place essentielle et permanente dans le paysage patrimonial français et international. Le projet comprend une série transnationale et transfrontalière. Les 136 biens sélectionnés pour l’inscription concernent l’ensemble du front occidental (40 en Belgique et 96 en France), les grands moments de son évolution et l’ensemble des nations et peuples qui ont été impliqués dans ce conflit. Ils reflètent la mondialisation de la guerre et traduisent la volonté d’une mémoire partagée.
La nécessité d’inscrire les Sites funéraires et mémoriels de la de Grande Guerre est essentielle pour les descendants des combattants ou des habitants ayant vécu dans les zones des fronts de la Grande Guerre, mais constitue aussi un hommage à tous les hommes et femmes qui ont participé à ce conflit et qui ont fait preuve d’énergie, de courage allant jusqu’au sacrifice de leur vie mais aussi d’incompréhension face à ces combats.
Cet épisode s’inscrit comme l’un des plus grands et plus traumatisants de l’histoire des pays impliqués.
Inscrire ces biens sur la Liste du patrimoine mondial :
- C’est honorer leur mémoire et reconnaître le sacrifice de ces hommes et femmes quelle que soit leur nationalité
- C’est honorer et reconnaître le courage des populations évacuées
- C’est transmettre un épisode majeur dans l’histoire des certaines nations; pour les descendants des territoires d’outre-mer, notamment du Commonwealth, ce conflit appartient à la mémoire vivante de chaque nation
- C’est aussi la volonté d’affirmer une mémoire apaisée, la réconciliation de toutes ces nations
- C’est interpeller la mémoire familiale, car personne ne peut rester indifférent à son histoire
Annexe :