CHEMIN DES DAMES

Secteur mémoriel de Chemin des Dames

Le Chemin des Dames est au sens premier une petite route de crête d’une vingtaine de kilomètre dont la référence géographique et Route départemental 18 (RD). Mais le Chemin des Dames c’est aussi un ensemble mémoriel essentiel de la mémoire nationale française. Situé sur la crête d’un plateau crayeux reliant les trois villes de Laon, Soisson et Reims, le Chemin des Dames témoigne, à travers son patrimoine matériel, fait de vestiges et de nécropoles liés au premier conflit mondial, et immatériel, fait de commémorations et manifestations en tout genre, de la capacité du paysage à garder et à transmettre la mémoire du temps. Les nombreuses nécropoles situées sur le chemin des dames témoignent quant à elle d’une pratique funéraire à grande échelle. Parmi tous les sites du Chemin des Dames, ceux de la Nécropole nationale française de Cerny-en-Laonnois, du cimetière militaire allemand de Cerny-en-Laonnois et de la chapelle-mémorial du Chemin des Dames et le  site de la Nécropole nationale française de Craonnelle.

AI07 Nécropole nationale française de Cerny-en-Laonnois, cimetière militaire allemand de Cerny-en-Laonnois et chapelle-mémorial du Chemin des Dames

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Au centre du Chemin des Dames, le village reconstruit de Cerny-en-Laonnois est un pôle mémoriel de premier plan : au cimetière français correspond un immense cimetière allemand, deux ossuaires ainsi qu’une chapelle-mémorial et un monument britannique. C’est ici que les autorités militaires et politiques se rendent le plus souvent en visite au Chemin des Dames après la guerre. Site totalement reconstruit, il apparaît modeste au regard des nombreux événements qui en font l’un des points les plus disputés de la Grande Guerre. La chapelle-mémorial inaugurée en 1951 et dédiée à la réconciliation, fait partie d’un ensemble qui compte depuis 1960 une lanterne des morts, devant servir à éclairer d’une lumière bleue le « champ des morts ».

A partir de septembre 1914, Cerny est très proche de la ligne de front, il reste du côté allemand jusqu’en mai 1917 où il se retrouve au cœur des combats très meurtriers pour la reprise du Chemin des Dames.

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La nécropole nationale française est créée en 1919 pour inhumer les morts des batailles du Chemin des Dames. Son aménagement se poursuit de 1919 à 1925 pour y regrouper les corps exhumés des cimetières, carrés militaires  et tombes isolées du Chemin des Dames. Plus particulièrement les corps des combattants sont exhumés sur les plateaux de Vauclerc, Vendresse, Troyon, et des cimetières des communes de Beaulne, Braye-en-Laonnois, de Paissy et de Moulins.

Le cimetière allemand est édifié également à partir de 1919, en application de l’article 225 du traité de Versailles, par regroupement de cimetières et de tombes individuelles isolées. Il compte dans un premier temps 5125 tombes, avant d’être agrandi dans les années 1924-25 pour accueillir les corps exhumés d’une centaine de petits cimetières allemands. Les soldats allemands enterrés dans ce cimetière ont perdu la vie en combattant dans le secteur du Chemin des Dames, notamment pendant l’automne 1914, au printemps 1915 et pendant les batailles de 1917 et 1918. Il est rénové en 1972  les croix de bois sont remplacées par des croix de pierre.

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Quant à la chapelle mémorial, la volonté d´ériger une lanterne des morts sur le Chemin des Dames semble avoir été émise par Blondel, architecte à Bourg-et-Comin, en 1933. Mais ce n’est qu’en 1949, au moment où fut créé le comité du mémorial du Chemin des Dames par l’abbé Herlem et l’Union Nationale des Combattants de l’Aisne dont le but était de « favoriser la réconciliation des peuples par le souvenir de leurs fils morts en s’opposant sur ce champ de bataille » qu’un nouveau projet est soumis. Une souscription publique et des dons en nature (cloche et terrain) permettent la construction de l´édifice actuel ainsi que celle de la lanterne des morts, visible depuis les cathédrales de Laon, Soissons et Reims. L´édification de ce complexe mémorial atteste la reconnaissance tardive du rôle historique du Chemin des Dames dans la Première Guerre mondiale. Désastre sanitaire, défaite militaire après laquelle se développe un mouvement de mutineries dans l’armée française, le Chemin des Dames ne bénéficia pendant longtemps d’aucune reconnaissance, d’où la lenteur des projets de commémoration. Cerny-en-Laonnois occupe donc aujourd´hui une place majeure dans le circuit de mémoire du Chemin des Dames (voir en annexe les principales commémorations). Le site symbolise l’ensemble des sacrifices accomplis par les soldats de la Première Guerre mondiale dans l’Aisne. Les troupes coloniales sont ici honorées pour la première fois. En 2013, après avoir été frappée par la foudre, la chapelle a pu être entièrement rénovée.

Le site de Cerny-en-Laonnois concentre la mémoire de l’un des champs de bataille les plus terribles de la Première Guerre mondiale : le Chemin des Dames. La co-visibilité rare de lieux funéraires français, allemand et britannique, d’une Chapelle funéraire œcuménique (catholique, protestante, juive) dédiée à la réconciliation et une lanterne des morts, haut lieu cérémoniel en fait un témoignage exceptionnel du culte des morts de la Grande Guerre à l’échelle internationale.

Au centre du Chemin des Dames, le village reconstruit de Cerny-en-Laonnois est un pôle mémoriel de premier plan : au cimetière français correspond un immense cimetière allemand, deux ossuaires ainsi qu’une chapelle-mémorial et un monument britannique. C’est ici que les autorités militaires et politiques se rendent le plus souvent en visite au Chemin des Dames après la guerre. Site totalement reconstruit, il apparaît modeste au regard des nombreux événements qui en font l’un des points les plus disputés de la Grande Guerre. La chapelle-mémorial inaugurée en 1951 et dédiée à la réconciliation, fait partie d’un ensemble qui compte depuis 1960 une lanterne des morts, devant servir à éclairer d’une lumière bleue le « champ des morts ».

AI08 Nécropole nationale française de Craonnelle

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Etablie à côté du cimetière communal dans lequel se dresse le monument funéraire de la famille Descubes Saint-Désir, propriétaire du château, la nécropole française de Craonnelle bénéficie d’une excellente intégration paysagère, notamment en raison de sa topographie particulière. Dans ce cimetière de 10 897 m2 reposent 3 936 corps. Parmi ces soldats, on compte 3 910 français dont 1 884 sont en ossuaires, 24 tombes de soldats britanniques mêlées aux tombes françaises dont seulement 7 ont pu être identifiés ainsi que 2 soldats belges. De plan rectangulaire, es stèles alignées en 7 sections parallèles, séparées les unes des autres par une allée enherbée, remontent la pente pour rejoindre l’ossuaire et le drapeau tricolore. Ce cimetière, permet à chaque visiteur, pèlerin ou famille de bénéficier de larges panoramas accentuant un peu plus la charge émotionnelle du lieu : le premier donnant sur le plateau de Californie (au nord), le second sur la « grosse montagne » et la Vallée de l’Aisne. L’ensemble des éléments majeurs et secondaires se répondent pour nous permettre une interprétation historique sur la présence de la nécropole nationale de Craonnelle. La disposition architecturale de la nécropole illustre la disposition type adoptée par la Commission Nationale des Sépultures Militaires en 1928.

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Sur les pentes de Craonne et de Craonnelle on peut résumer l’échec de l’offensive française déclenchée le 16 avril 1917 et les jours suivants. Au début de 1917, le nouveau général en chef des armées françaises Robert Nivelle croit pouvoir rompre définitivement le front par une offensive de très grande ampleur. Un million d’hommes, plusieurs milliers de tonnes de matériel, des centaines de canons, des dizaines de ballons d’observation, des milliers de chevaux sont massés au sud du Chemin des Dames début avril. Mais le plan d’attaque n’échappe pas aux Allemands informés et mis en alerte par ce déploiement gigantesque. À 6h, le 16 avril 1917, les soldats se lancent à l’assaut du plateau. Partout la résistance allemande est foudroyante : le pilonnage français, bien que massif, n’a pas atteint tous ses objectifs. Nivelle avait annoncé qu’il faudrait 7 heures pour reprendre le plateau et que l’armée française serait à Laon en 48 heures. Au soir du 16 avril, l’échec est terrible. Vers les monts de Champagne ou à Berry-au-Bac, les pertes sont effroyables; sur le plateau à Craonne la première ligne allemande n’est même pas dépassée. Dans les semaines qui suivent l’attaque du Chemin des Dames, des milliers de combattants français décident, à l’occasion de mouvements collectifs improvisés, de ne plus remonter aux tranchées. L’immense espoir suscité chez les Poilus par l’offensive Nivelle venait de se briser au Chemin des Dames. De mai à juin, les incidents se diffusent dans les unités, comme une traînée de poudre. On refuse temporairement de monter en ligne, on chante l’Internationale, on réclame la paix, l’arrêt des offensives inutiles, et surtout les permissions.

Le cimetière français de Craonnelle est aménagé pendant la guerre à proximité d’un poste de secours pour y inhumer les victimes tombées lors des combats de 1917-1918 au plateau des Casemates, ou décédées aux postes de secours de Craonnelle, des Flandres à Oulches, de Vassogne, Jumigny, Craonne et du Moulin de Vauclerc. Après la fin du conflit, de 1919 à 1925, l’Etat confirme cette nécropole et y regrouper les corps exhumés du plateau des Casemates et du plateau de Californie, ceux des postes de secours de Craonnelle, des Flandres à Oulches, de Vassogne, de Jumigny, de Craonne et du Moulin de Vauclair. Reconnue nécropole nationale en 1924, elle fait l’objet de travaux de réfection dans les années soixante : emblèmes, adduction d’eau, ornements floraux, sentiers des pèlerins. En 1997, le site est réhabilité, une cérémonie en hommage à tous les morts, blessés et disparus de la Grande Guerre, sans distinction de pays est organisée. Cette journée s’achève chaque année au cimetière militaire de Craonnelle. La nécropole est mise en lumière au moyen de 2 000 bougies réparties au pied de chacune des croix. Cette illumination du cimetière de Craonnelle s’accompagne de musique récente ; elle est suivie par plusieurs centaines de personnes (entre 400 et 800 par an). Cette cérémonie témoigne d’une pratique culturelle contemporaine associée à la mémoire des hommes victimes de la Première Guerre mondiale. Représentative des cimetières de regroupement des années 1920 et par sa forte empreinte sur le paysage vallonné, la nécropole française de Craonnelle est l’une des garantes du souvenir des hommes tombés sur le Chemin des Dames. La valeur historique et immatérielle du lieu témoigne d’un fort ancrage territorial dont la Journée du 16 avril rééditée depuis 2007 et l’illumination du cimetière révèlent l’intensité. Représentative des cimetières de regroupement des années 1920, cette nécropole témoigne de la mémoire vive des hommes tombés lors des combats meurtriers du printemps 1917.