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MS03 Nécropole nationale française de l’Espérance, Cutting

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La nécropole de l’Espérance s’inscrit au cœur d’un territoire hautement mémoriel. Implantée   in situ dans un espace boisé à l’origine, elle se situe en contre-bas de la butte de la Haute Croix (254 m).  Cette nécropole paysagère est un quadrilatère à l’architecture symétrique, simple, dépouillée mais harmonieuse. Grâce à son décor arbustif propre et à la présence d’un rideau arboré (ormes, chênes, charmes) sur sa périphérie, elle invite au recueillement. Elle est dominée par le monument de l’Espérance (Photos n° 1, 2, 3), élevée en pierre blanche de Brauvilliers, au pied duquel reposent 813 corps de soldats français, dont 540 dans deux ossuaires situés de part et d’autre de ce dernier. Sa particularité est d’avoir, au milieu de son allée centrale et des 273 sépultures individuelles, dans l’axe du monument, une simple tombe couverte de lierre, celle du général Diou. Comme le monument, stèle aux lignes simples surmontée d’un haut relief, elle traduit la douleur mais aussi l’espérance et la volonté de rendre hommage aux morts.

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C’est le seul cimetière sur le front à connaître cet ordonnancement et à avoir la plus forte proportion de tombes individuelles parmi les cimetières ouverts à cette date et aujourd’hui conservés. Les corps en ossuaires proviennent du regroupement.

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Implantée en territoire annexé, cette nécropole est créée in situ, par les Allemands après la bataille de Dieuze-Morhange qui oppose le 20 août 1914 l’infanterie française et l’artillerie allemande. Après le repli des troupes françaises, blessés et morts laissés sur place sont pris en charge par l’armée allemande. Des civils requis inhument dans des cercueils les corps au lieu-dit les « Grandes Rayes » mélangeant tombes allemandes et françaises. Là reposent alors une majorité de français (265) et 79 allemands identifiés.

Son réaménagement traduit et transmet la tradition militaire d’honorer et de respecter la bravoure de la hiérarchie et de réaliser l’inhumation de tous les combattants morts pour leur patrie en tombe individuelle quand c’est possible. Dès 1920, la municipalité acquiert le terrain, et avec les familles procèdent aux premiers aménagements. À leur demande pressante et à celle de hautes personnalités, la  nécropole est reconnue par le préfet (arrêté du 11 mars 1921). Les corps des Allemands sont exhumés et inhumés au  cimetière  de Morhange.

Remis alors en cause trois fois en 1921, 1923 et par la suite, le maintien de la nécropole est confirmé le 2 février 1925 sous la pression de la municipalité et des familles soutenues par le ministre André Maginot comme symbole de la bataille Dieuze-Morhange. Le maire et les familles souhaitent alors créer autour du cimetière un cimetière civil, pour y être inhumés près des leurs, mais ils essuient un refus ferme de l’État. Ceci explique l’existence de la zone arborée sur la parcelle, propriété communale, située en périphérie. La nécropole  est agrandie, suite aux regroupements, en 1921, 1924 et 1934, des  corps des cimetières ou des tombes isolées des communes de Loudrefing, Dieuze, Guinzeling et Lostroff, y sont regroupées d’où les deux ossuaires. Le cimetière est réhabilité en totalité en 1967.

Par sa conception, il reflète la tradition militaire et la culture locale  à travers l’esprit et l’esthétique du monument, la volonté de tous, population autochtone et familles du Midi solidaires, de rendre hommage aux disparus. Cet attachement local lui permet de jouir d’un environnement arboré reflétant l’investissement sans faille de la commune. La municipalité est fière de sa nécropole, de son monument sculpté par Charles Petit, artisan local, et dessiné par l’architecte messin, M. Reybaud et de la présence au cœur de cette dernière de la tombe du général Diou, mosellan combattant dans l’armée française. Cet attachement bien enraciné en font un cimetière bien vivant, aux  commémorations régulières.