EFFRY

AI05 Nécropole nationale française de prisonniers d’Effry

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Situé dans la vallée de l’Oise, à l’est de Saint-Quentin, et au sud de Maubeuge (Nord) entre Origny en Thiérache, Wimy et Saint Martin, le cimetière de prisonniers, jouxte le cimetière civil. Dans ce cimetière sont enterrés 681 corps de prisonniers français, roumains, russes et belges, abandonnés à leur sort par les Allemands entre le 6 mars et le 4 novembre 1917. Ce cimetière de prisonniers témoigne du traitement particulier réservé aux prisonniers civils et militaires du camp d’Effry. Aujourd’hui, d’une superficie de 1090 m2, le cimetière accueille les corps de 681 personnes décédées au Lazaret d’Effry en 1917, dont 353 civils inhumés en tombes (14 Françaises, 123 Français, 251 Belges dont 17 inconnus, et 1 Italien) et 328 militaires inhumés en 5 ossuaires  (23 Roumains dont 4 inconnus, 305 Russes dont 26 inconnus). Il compte 58 tombes individuelles et 84 tombes collectives dont 3 tombes françaises et 35 belges, et 45 tombes mixtes belges et françaises et 1 tombe belge-française et italienne. Le monument de l’ossuaire est construit sobrement en brique rouge derrière un parterre buissonnais. Les noms sont gravés sur une plaque blanche. Le cimetière est entouré par des buissons respectant l’intimité de la nécropole au cœur du cimetière communal. Les parterres du cimetière sont habillés d’un simple gazon sur lequel les croix blanches propres aux nécropoles nationales françaises ressortent.

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Début 1917, les Allemands créèrent dans la zone arrière de leur 7ème armée, à Effry, un lazaret, c’est à dire un hôpital destiné à concentrer les malades civils et militaires, français et belges, Bataillons de Travailleurs Civils (Zivilarbeitersbataillon-Z.A.B.), Russes et Roumains des bataillons de travailleurs prisonniers de guerre, qui effectuaient des travaux d’intérêt militaire à proximité du front et qui sont ainsi regroupés dans ce dernier. Tous ces malheureux, ainsi que d’autres (prisonniers de guerre français, civils punis par les Kommandanturs locales pour non-respect des règlements en vigueur, couvre-feu, non-paiement d’amendes) aboutissaient malades au Lazaret d’Effry qui n’était qu’une illusion d’hôpital. Notons aussi la présence de religieuses raflées pour garnir les rangs des infirmières et qui pour certaines d’entre elles subissent le sort de leurs patients, tel sœur Eugénie enterrée à Effry. Les conditions sanitaires et inhumaines du camp, dirigé par le médecin allemand Michelson, décrites dans le témoignage de J.A Pichard, ont provoqué la mort de 688 personnes en 9 mois pour une moyenne de 6 décès par jour. Ainsi sont enterrés dans ce cimetière 681 corps de prisonniers français, roumains, russes et belges, abandonnés à leur sort par les Allemands entre le 6 mars et le 4 novembre 1917. Ce site funéraire est ouvert à proximité de l’ancien camp de prisonniers et du lazaret installés dans l’ancienne usine Briffault d’Effry. Le cimetière témoigne également de la gestion des corps des prisonniers morts dans le lazaret et de son évolution au cours du temps. Ensevelis dans le silence et pour la plupart en fosse commune pendant près de 10 ans (1917-1927), Les victimes du lazaret, reposent aujourd’hui, dans la nécropole nationale réalisée sur le même terrain en 1927. Il faut attendre 1927 pour que les corps soit exhumés et réinhumés en tombes individuelles dans la mesure du possible ou en tombes communes et en ossuaires. Cette évolution fait suite à l’intention de la commune émise le 14 décembre 1926 d’acheter le terrain où reposaient les corps des victimes et à l’acquisition de celui-ci par l’Etat en vertu de la loi du 29 décembre 1915. Aménagé et embelli à partir de 1933, c’est en 1934 que les croix de bois furent remplacées par de nouvelles croix en béton dotées de plaques de métal. Les frontons d’ossuaires, le portail, l’escalier et le mur de soutènement ainsi que le mât aux couleurs nationales sont construits au cours de cette période.

Au-delà de cette mémoire, un temps oubliée et ravivée, grâce à la présence du Comité de la Mémoire de l’Ossuaire d’Effry créé le 25 août 1993 et des collectivités territoriales concernées, le cimetière témoigne également de la gestion des corps des prisonniers morts dans le lazaret et de son évolution au cours du temps. En 1993, le Ministère des anciens combattants et victimes de guerre finance la réhabilitation de la nécropole et introduit notamment un panneau d’informations historiques renseignant les pèlerins et les visiteurs. Le cimetière de prisonniers devenu nécropole nationale est inauguré le 14 mai 1994, en présence, de François Mitterrand, Président de la République, et de Jean-Pierre Balligand, député de l’Aisne. Cette date du 14 mai est devenue le jour officiel de commémoration du calvaire des prisonniers d’Effry. Les commémorations annuelles et la présence du comité de la mémoire de l’ossuaire d’Effry, témoignent de la valeur immatérielle et de la vivacité mémorielle du lieu. Le monument commémoratif érigé en 2007 en est un autre marqueur.

Par sa valeur historique et mémorielle le cimetière de prisonnier d’Effry témoigne de l’histoire tragique et singulière du camp (lazaret) d’Effry et de l’évolution de la gestion des corps de prisonniers. D’abord oubliés et inhumés dans des sépultures collectives, les corps ont ensuite été identifiés et inhumés de manière individuelle dans la mesure du possible. Représentatif des cimetières de prisonniers résultant de l’occupation pendant la Première Guerre mondiale et  le cimetière présente un caractère exceptionnel au vu de la diversité des individus inhumés, (nationalités : France, Belgique, Russie, Italie, Roumanie, militaires, civiles, hommes, femmes, enfants).