ETAPLES

PC13 Cimetière militaire du Commonwealth « Etaples Military Cemetery »

Considéré comme le plus grand cimetière de guerre du Commonwealth en France et le plus cimetière comprenant les tombes les plus nombreuses de femmes du commonwealth, l’Etaples Military Cemetery se situe à 1 kilomètre environ au nord de la ville sur la route menant à Boulogne-sur-Mer. Une fois le portail d’entrée franchi, il offre des perspectives monumentales sur l’embouchure de la Canche, la ligne ferroviaire Le Touquet-Arras et la ville du Touquet.

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Il contient 10 771 tombes principalement de 1914-1918 dont 10.616 identifiés, en raison de sa fonction de cimetière d’hôpital. Tous les territoires du Commonwealth y sont représentés. Pour la Première Guerre mondiale, 18 nationalités y sont représentées parmi lesquelles figurent des Anglais, des Irlandais, des Canadiens, des Terre-Neuviens, des Néo-Zélandais, des Indiens, des Américains, des Africains du Sud, des Allemands, des Chinois, des Egyptiens, des Antillais, des Belges, des Portugais et bien d’autres encore. Il compte 662 tombes de soldats n’appartenant pas au Commonwealth. Ce cimetière figure avec ceux de Chambière et de Sarrebourg parmi les cimetières les plus internationaux du front ouest. Sans distinction statutaire y reposent des soldats, des marins, des aviateurs morts des suites de leur blessure ou de maladies, des civils (soignants hommes et femmes) et des prisonniers de guerre, des travailleurs. On y observe une égalité de traitement de la mort à l’égard de tous. Cependant les sépultures sont groupées par section en fonction  de leur grade ou de leur activité. S’y trouve un carré des infirmières. La présence de vestiges de nature diverses dont des abris, petits mémoriaux ou monuments rappelle son inscription dans un paysage mémoriel, le camp lui-même.

Implanté sur un site grandiose, dessiné par Sir Edwyn Lutyens, inspiré du Anglo-Boer War Memorial de Johannesburg, il se présente sous la forme d’un « cimetière cathédrale ». Sur le promontoire en forme de demi-cercle, l’architecte a imaginé une terrasse de 70 mètres flanquée à chaque extrémité d’un cénotaphe monumental extraordinaire doté d’une arche majestueuse ornée à chaque côté de drapeaux de pierre immobilisés pour l’éternité comme il souhaitait le faire pour le cénotaphe du Whitehall. Un escalier monumental, de cinq rangées de marches, conduit le visiteur vers la nécropole « cité silencieuses de la mort ».

Pour tenir compte de la beauté du site  et de son inscription dans le massif dunaire, le cimetière  jouit d’une entrée théâtrale dotée de deux pilastres ornés d’urnes conduisant à un escalier au sommet duquel se dresse la Croix du Sacrifice, d’où par une envolée d’escaliers on gagne la terrasse ; les rangées de tombes du cimetière sont disposées dans des directions variées séparés par un réseau de sentiers rectilignes ou en diagonales.

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Ce cimetière est ouvert en mai 1915 pour répondre aux besoins de la plus grande base sanitaire britannique liée à la vaste base logistique britannique établie sur le littoral, près de la voie ferrée et de la route de Boulogne. En effet, là se situe le plus grand camp d’entrainement de l’armée impériale en dehors de Grande-Bretagne. L’Etaples Military Cemetery jouxte durant la Grande Guerre le plus important complexe hospitalier britannique (17 hôpitaux et 22 000 lits) destinés à soigner les Tommies blessés évacués du front. Il est implanté, à partir de 1915, principalement à la sortie du port de pêche, par l’armée britannique et comprend des établissements se spécialisés et dédiés. En 1917, l’ensemble admet, chaque mois, jusqu’à 40 000 blessés ou malades acheminés par une douzaine de trains-ambulances quotidiens.

Au début des années 1920, on aménagement paysager est pensé comme un jardin à l’anglaise, tel que cela a été préconisé par la première conseillère en horticulture de la Commission, Gertrude Jekyll, amie de Sir Edwyn Lutyens. Au pied de chaque pierre tombale est planté un mélange de plantes herbacées vivaces, de plantes alpines et de roses floribunda. Des arbres d’espèces variées ombrage le site. Il est inauguré le 14 mai 1922 par le roi d’Angleterre Georges V, la reine et le maréchal Douglas Haig, le général de Castelnau.

Le camp d’Etaples ayant vu défiler de nombreuses personnalités issues du monde littéraire ou artistique comme les poètes et écrivains Wilfred Owen et Siegfried Sassoon, Clive Staples Lewis (Le monde de Narnia), Vera Britain (Testament of Youth), le camp est fréquemment décrit. Cette dernière y compose le poème du « Last Post ». Des peintres comme l’Australienne Iso Rae ont croqué la vie au camp. La CGWC y a apposé en 2013 son centième panneau pour en signaler symboliquement l’importance. C’est en effet non seulement le plus grand site de la commission en France mais surtout de celui où repose le plus grand nombre de femmes pour l’ensemble des cimetières du Commonwealth (20), dans le carré des « nursing sisters », la plupart d’entre elles tuées lors des différents bombardements allemands sur le camp. Durant la seconde guerre mondiale des hôpitaux fonctionnent à nouveau à Etaples et le cimetière est utilisé de janvier 1940 à la fin mai 1940, 119 soldats y sont inhumés.