LOOS-EN-GOHELLE

PC12 Cimetière militaire & mémorial du Commonwealth “Dud Corner Cemetery” et “Loos Memorial”

Situé sur la route départementale reliant Lens à Béthune, le Dud Corner Cemetery est lié à la bataille de Loos mais le Mémorial rappelle aussi la bataille de la Lys et les combats du secteur de Grenay. Son nom, Dud corner («coin raté») fait référence au grand nombre d’obus ennemis inexplosés retrouvés sur le terrain.

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Totalement engazonné et aménagé sur un léger mouvement de terrain, le cimetière est entouré de murs ornés de tour d’angle à chaque extrémité, sauf sur sa façade où se trouve l’entrée principale. Cette disposition particulière et les tours d’angle surprennent. Une telle architecture s’inspire des fortifications médiévales. La croix de Blomfield placée dans l’axe de l’entrée, crée un axe de symétrie de part et d’autre de laquelle se répartissent géométriquement les 1812 sépultures individuelles dont 1784 tombes de soldats britanniques et  tombes de soldats canadiens. Parmi eux se trouvent les premiers volontaires anglais, gallois, écossais et irlandais engagés dans les combats d’Artois à la fin de l’année 1915. La plupart sont inconnus, seuls moins de 700 corps sont identifiés. Son originalité repose aussi sur la disposition des stèles, tournant le dos à l’entrée et à la pierre du souvenir, elles regardent le mémorial, cœur du cimetière, la croix du sacrifice et le champ de bataille. Des fleurs, d’essences variées, ornent chaque tombe.

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Le mur entourant le cimetière forme le mémorial. Les noms de 20 591 soldats y sont gravés. Tous  sont portés disparus dans le secteur allant de la Lys à Grenay, lors des batailles de Loos (1915), de Béthune (1918) et durant la guerre des tranchées. L’enceinte, couverte d’ardoises en violine du Pays de Galles, présente deux percées latérales. Au fond du cimetière, quatre absides circulaires encadrent la croix du Sacrifice et s’ouvrent vers le ciel. Cette disposition particulière en fait un panthéon. De chaque côté du monument, un escalier conduit à la tour d’angle qui domine le cimetière et les champs de bataille aujourd’hui cultivés. Le visiteur est invité à monter sur la terrasse pour les contempler. A l’entrée, de chaque côté de la Pierre du Souvenir, s’élève un belvédère.

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Le Dud Corner Cemetery et le mémorial sont l’œuvre de l’architecte Sir Herbert Baker (1862-1946), les sculptures celle de Sir Charles Wheeler (1892-1974) prothésiste pendant la Grande Guerre. Le cimetière est aménagé après l’armistice, à l’emplacement de cinq tombes, et symboliquement à proximité d’un point d’appui allemand, « The Lens Road Redoubt » où subsistent maints vestiges. Suite aux objections de la France relatives au nombre impressionnant de mémoriaux, l’IWGC décide d’entourer le cimetière de grands murs servant de mémorial, décision reprise pour le cimetière de Pozières. Les corps des soldats britanniques retrouvés autour de Loos, ou venant de plusieurs petits cimetières ouverts à partir de  1915 y sont regroupés. Ce cimetière est représentatif de la mort de masse. En effet, le bassin minier subit trois grandes batailles, en mai 1915, en septembre 1915 et en août 1917. Mais durant, la troisième bataille d’Artois (septembre-octobre 1915), les Britanniques recourent pour la première fois au gaz chlorique, les Allemands l’avaient déjà testé à Ypres. Après l’effet de surprise initial, un changement de sens du vent repousse les gaz vers les lignes anglaises. Dans la seule journée du 25 septembre, après la prise de Loos, les Britanniques enregistrent 8 500 victimes dont plus de 6 500 sans sépulture. Ils perdent au total 50 000 hommes, tués, blessés ou disparus. Le mémorial est inauguré le 4 août 1930 par le général Sir Nevil Macready, en présence de l’écrivain britannique Rudyard Kipling, des autorités militaires civiles et religieuses françaises et de représentants des anciens combattants des deux pays.

Ce mémorial est aussi emblématique par les noms qui y sont inscrits, notamment celui du capitaine Fergus Bowes Lyon, du 8th BN Black Watch, frère de la reine mère Elizabeth, tombé le 27 septembre à la redoute Hohenzollern, à l’âge de 26 ans. Son corps a été récemment retrouvé et inhumé à proximité. Mais il faut aussi souligner celui du lieutenant John Kipling (fils du prix Nobel de littérature Rudyard Kipling), tué le 27 lors de son premier assaut, à l’âge de 18 ans, et dont le corps ne sera identifié qu’en 1992. Il repose, à 3 km de Loos, dans le Saint-Mary ADS Cemetery de Haisnes-lès-la-Bassée. Actif au sein de l’Imperial War Graves Commission. Son père Rudyard Kipling est l’auteur de l’épitaphe gravée sur les stèles des soldats inconnus britanniques (« Known unto God », « Connu de Dieu seul ») et du choix de l’inscription apposée sur la Pierre du Souvenir (« Their name liveth for evermore », « Leur nom vivra à jamais », phrase extraite de l’Ecclesiaste), présentes dans tous les cimetières du Commonwealth. Le nom de l’aïeul de David Cameron, premier ministre britannique est gravé sur le Dud Corner Memorial. Francis Mounte, 43 ans est tombé le 12 octobre 1915. Son corps n’a jamais été retrouvé. Beaucoup de Britanniques et de ressortissants du Commonwealth viennent se recueillir au Dud Corner Cemetery où se déroulent des commémorations régulières.

Ce cimetière est ouvert en mai 1915 pour répondre aux besoins de la plus grande base sanitaire britannique liée à la vaste base logistique britannique établie sur le littoral, près de la voie ferrée et de la route de Boulogne. En effet, là se situe le plus grand camp d’entrainement de l’armée impériale en dehors de Grande-Bretagne. L’Etaples Military Cemetery jouxte durant la Grande Guerre le plus important complexe hospitalier britannique (17 hôpitaux et 22 000 lits) destinés à soigner les Tommies blessés évacués du front. Il est implanté, à partir de 1915, principalement à la sortie du port de pêche, par l’armée britannique et comprend des établissements se spécialisés et dédiés. En 1917, l’ensemble admet, chaque mois, jusqu’à 40 000 blessés ou malades acheminés par une douzaine de trains-ambulances quotidiens.

Au début des années 1920, on aménagement paysager est pensé comme un jardin à l’anglaise, tel que cela a été préconisé par la première conseillère en horticulture de la Commission, Gertrude Jekyll, amie de Sir Edwyn Lutyens. Au pied de chaque pierre tombale est planté un mélange de plantes herbacées vivaces, de plantes alpines et de roses floribunda. Des arbres d’espèces variées ombrage le site. Il est inauguré le 14 mai 1922 par le roi d’Angleterre Georges V, la reine et le maréchal Douglas Haig, le général de Castelnau.

Le camp d’Etaples ayant vu défiler de nombreuses personnalités issues du monde littéraire ou artistique comme les poètes et écrivains Wilfred Owen et Siegfried Sassoon, Clive Staples Lewis (Le monde de Narnia), Vera Britain (Testament of Youth), le camp est fréquemment décrit. Cette dernière y compose le poème du « Last Post ». Des peintres comme l’Australienne Iso Rae ont croqué la vie au camp. La CGWC y a apposé en 2013 son centième panneau pour en signaler symboliquement l’importance. C’est en effet non seulement le plus grand site de la commission en France mais surtout de celui où repose le plus grand nombre de femmes pour l’ensemble des cimetières du Commonwealth (20), dans le carré des « nursing sisters », la plupart d’entre elles tuées lors des différents bombardements allemands sur le camp. Durant la seconde guerre mondiale des hôpitaux fonctionnent à nouveau à Etaples et le cimetière est utilisé de janvier 1940 à la fin mai 1940, 119 soldats y sont inhumés.