MOOSCH

HR09  Nécropole nationale française de Moosch

D’une superficie de 3.096 m², ce cimetière très pentu, domine le village. Sa morphologie diffère de celle des cimetières militaires français classiques par son architecture en gradins rappelant celle de la nécropole du col Sainte-Marie. Son plan épouse la topographie du lieu au fur et à mesure des inhumations de plus en plus nombreuses. Dès l’entrée, aux piliers de grès rose, on embrasse du regard l’ensemble de la nécropole. Selon un axe central nord-sud s’alignent le monument commémoratif aux Chasseurs alpins orné d’un cor de chasse et d’une palme de bronze encadré d’un buisson d’arbustes, le mât traditionnel et son drapeau et le calvaire de bois, symbole de Sacrifice et d’Espérance, monument emblématique des nécropoles des Diables Bleus. Les sépultures toutes individuelles et identifiées (594), cimetière d’hôpital oblige, se répartissent en trois sections conformes à la pente. Parmi elles, celle du général Serret identique à toutes, sans signe distinctif. Deux escaliers latéraux leur donnent accès.

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Suite à l’offensive française de 1914, au sud de l’Alsace, le front se stabilise pour le reste de la guerre. La vallée de Thann, s’inscrit dès lors dans le secteur de cantonnement des troupes françaises. L’hôpital de la ville « Jungck » devient l’ambulance (N°3/58) lors des terribles combats de 1915. Il fonctionne en lien avec l’Hôpital Mobile alsacien de Saint-Amarin. Le cantonnement des troupes françaises qui combattent dans le massif de l’Hartmannswillerkopf renforcent son rôle. Ainsi les soldats inhumés dans cette nécropole sont décédés en ce lieu où sont soignés les blessés des combats du Vieil-Armand. Ce cimetière est créé début 1915 dans un verger, à 8 km à vol d’oiseau du champ de bataille du HWK. Dès le 28 aout 1915, il compte 300 tombes. On y inhume sans distinction soldats, infirmières et civils. Depuis 1915, et durant toute la guerre, les rites militaires y restent exceptionnels : expositions sur lit de mort, char mortuaire et couramment processions religieuses, cercueil de plomb doublé d’un cercueil ouvragé en bois lors de l’inhumation du général Serret. Pour tous, on organise des obsèques semblables à celles célébrées en temps de paix.

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Cette nécropole vaut à la ville la visite de personnalités. Le Président Poincaré, le Ministre de la Guerre Millerand et le roi d’Italie  en 1916 et en 1917 viennent s’y recueillir pour l’anniversaire de la mort du général  Serret. Pierre Loti s’y rend en août 1915 pour honorer la mémoire de l’écrivain alsacien Paul Acker. C’est un lieu de pèlerinage avant la fin du conflit.

Cimetière d’ambulance, à l’arrière du front, la tenue de ses registres se fait au jour le jour. Un premier aménagement est réalisé en 1920. En 1922, on envisage son regroupement au cimetière national de Cernay. Mais les habitants et la section du Souvenir Français de Wesserling s’y opposent et exigent par pétition adressée au Ministre de la Guerre, son maintien, soulignant leur attachement à ceux qui étaient devenus « leurs enfants ». Il est confirmé le 31 juillet 1922 par décision ministérielle n°1253/Y. Classé parmi les Monuments Historiques comme vestige de guerre le 5 janvier 1923 par le Commissaire Général de la République à Strasbourg, les stèles personnalisées mises en place par les familles sont conservées, mais toute nouvelle demande écartée. En 1935, on y regroupe  les corps exhumés de la vallée de la Thur, de Golddach, de Geishouse, certains corps de la vallée de la Doller (Roderen, Michelbach, Sentheim). Dans les années 1970, la nécropole est réhabilitée, les stèles personnalisées sont standardisées et remplacées par des croix normalisées contrairement au choix fait pour la nécropole de Metz-Chambière. Ainsi la pierre tombale de l’ambulancier américain civil Richard Hall est transférée au musée Serret et son corps y repose toujours. En 1985, pour éviter les glissements de terrain, des junipérus sont plantés au pied des tombes mais la nécropole perd son caractère paysager suite à l’abattage de ses pins.

Des commémorations régulières y sont organisées le 11 novembre. Les autorités défilent depuis le monument aux morts jusqu’au cimetière pour déposer de gerbes de fleurs tandis que les enfants de l’école fleurissent les tombes. L’année 2015 fut marquée par une cérémonie spéciale, l’hommage à Richard Hall, premier ambulancier civil  américain mort en mission dans le cadre du centenaire de l’Américan Field Service (AFS).