NOYELLES-SUR-MER

SE10 Cimetière militaire  du Commonwealth « Noyelles-sur-mer Chinese Cemetery » & mémorial chinois « Noyelles-sur-mer Chinese Memorial »

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Le cimetière militaire du Commonwealth Noyelles-sur-Mer Chinese Cemetery et le Noyelles-sur-Mer Chinese Memorial se situent au sud-est du hameau de Nolette, sur la commune de Noyelles-sur-Mer, près de la baie de Somme. L’environnement préservé du site est agraire. C’est un paysage ouvert d’openfield, ponctué de bois et de rideaux végétaux. Il se distingue de tous les autres cimetière du front  par son architecture orientale originale et présente une triple identité : chinoise par les hommes qui y sont inhumés et l’utilisation d’éléments esthétiques associés à la culture chinoise (forme du portail d’entrée, idéogrammes, pommes de pin, essences végétales), britannique par la structure de cimetière-jardin et le respect de principes esthétiques développés par la CWGC (le muret et les stèles, les matériaux comme la pierre de Portland, la présence du Visitor’s book et des panneaux de médiation), picarde par l’environnement agraire et rural. La croix du sacrifice est  remplacée par un pin très symbolique de la culture chinoise. Ce site se compose de deux élements majeurs imbriqués : le cimetière et le mémorial dédié à 40 Chinois morts sans sépultures connues et intégré au mur d’enceinte du cimetière, à proximité du porche d’entrée. Sur ses piles une inscription choisi par Alfred Sao-Ke Sze (Shi Zhaoji) 施肇基 (1877-1958), ambassadeur de Chine en Grande – Bretagne (1914-1920) dit ceci : «  ce site commémore le sacrifice d’environ 1900 travailleurs chinois qui perdirent la vie durant la guerre 1914-1918, ce sont mes amis  et mes collègues dont le mérite est incomparable ». Le cimetière compte 841 tombes de travailleurs chinois morts pendant la guerre, dont 3 anonymes. Le patronyme de 838 autres travailleurs sont gravés sur les stèles en anglais et en idéogrammes, portant des expressions vantant leur mérite, telles que « une grande réputation pour l’éternité ». Ces caractères chinois ont été gravés par un groupe de travailleurs après la guerre. Cet ensemble composé d’un cimetière et d’un mémorial, est unique, authentique et intègre à l’échelle du front occidental. Ce beau cimetière est dessiné par  Sir E. Lutyens, assisté du Capitaine Truelove. Des statues de lions offerts parla République populaire de Chine ont été placées à l’entrée de la rue qui mène au cimetière.

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Pendant la Grande Guerre, le littoral de la Manche est sollicité par les troupes alliées, dans un effort de soutien logistique aux armées combattantes. Après la bataille de la Somme, le manque de main d’œuvre pousse les gouvernements français et britannique à passer un accord avec le gouvernement chinois permettant le recrutement de travailleurs chinois volontaires, les « coolies », issus du nord de la Chine. Le premier contingent recruté par l’armée britannique arrive en France en avril 1917. À l’armistice, l’empire britannique en compterait environ 96 000 au sein de la BEF (British Expeditionnary Force). Environ 2 000 travailleurs sont morts sur le front occidental. L’armée britannique, investie dans la partie nord du front utilise le port de Saint-Valery-sur-Somme pour assurer un ravitaillement en munitions et matériaux depuis la Grande-Bretagne. Elle installe l’un de ses plus grands camps de munitions à Saigneville et son plus grand camp de travail chinois à Noyelles-sur-Mer, au hameau de Nolette, dès 1917. Elle y crée aussi un camp de transition dans lequel sont acheminés l’ensemble des travailleurs chinois recrutés au sein de la BEF. Ils y subissent des examens médicaux avant d’être affectés à un camp de travail britannique du front, dont celui de Nolette qui emploie jusqu’à 2 000 « coolies » par jour. Parmi les différentes infrastructures figure un hôpital doté d’un cimetière, qui serait à l’origine du cimetière et du mémorial chinois de Nolette. Les travailleurs inhumés à Noyelles-sur-Mer sont principalement morts entre 1917 et 1919, de blessure ou de maladie.

Le cimetière est réalisé à partir de 1921. Les corps y étaient enterrés selon un rite funéraire spécifique prescrit dans le mémorandum signé au sujet des sépultures signée par le gouvernement britannique : «It was up to the Chinese themselves  to conduct the elaborate funeral rites but it was up to the authorities to find a suitable place of burial. The ideal site to secure repose and drive away evil sprits is on sloping ground  with  a stream below, or gully down which water always or occasionally passes. The graves should not be parallel to the north, south, east, west. This is particularly important to Chinese Mahommedans. It should be about four feet deep, with the head towards the hill and the feet towards the water. A mount of earth about  two feet high is piled  over the grave. It was not very easy to carry out this instruction to this letter for, at the height of the Somme Battle » (extract The Somme Archives: Private Norman Mellor, N°417 28, 4th Bedfordshire Regiment). Cette règle fut appliquée à Nolette. Ce site exceptionnel attire les touristes français et étrangers, notamment chinois. La communauté chinoise ou d’origine chinoise de la région parisienne organise depuis 2002, la cérémonie du Qing Ming le 5 avril, parfois en présence d’une délégation de l’ambassade de la République populaire de Chine à Paris. L’ambassadeur lui-même s’y est rendu en 2013.