RICHEBOURG

Secteur mémoriel de Richebourg

Le mémorial indien de Neuve-Chapelle et le cimetière portugais se situent à Richebourg au nord de l’Artois, sur la départementale D947. Cette route offre des vues dégagées sur des paysages agricoles ouverts jusqu’aux crêtes de l’Artois et plaines de La Lys, points stratégiques du conflit. Ils présentent un caractère unique sur le front occidental. En effet, chacun confirme la dimension internationale du conflit puisqu’ils symbolisent l’engagement des troupes indiennes et portugaises.

PC01 Mémorial indien du Commonwealth « Neuve Chapelle Memorial »

Le mémorial indien de Richebourg est le seul sur le front ouest à rendre hommage à l’engagement des soldats de l’armée et aux travailleurs des Indes.

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Situé au rond-point de la Bombe, sur un lieu stratégique, celui de la bataille de Neuve-Chapelle, le mausolée oriental indien se présente sous une forme circulaire centrée sur la Pierre du Souvenir, œcuménique et abstraite.  On y accède par quelques marches. Dans ce cimetière bordé de saules-pleureurs, la croix de l’architecte Blomfield est exclue de sa composition.  Le mémorial est scindé par deux allées en forme de croix, en dallage, autour desquelles ont été plantées de la pelouse et diverses espèces de plantes. Il comporte deux cénotaphes reliés par des murs en demi-cercle ajourés et composés de médaillons représentant la flore, la faune et les symboles emblématiques des Indes. La composition reflète les influences indiennes et britanniques.

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Au milieu de l’un de ses murs s’élève une colonne flanquée de deux tigres de pierre (rappelant les piliers de l’empereur Ashoka) d’environ 16 m de hauteur, surmontée d’un lotus impérial, de la couronne impériale et de l’étoile des Indes. Symbole de l’Inde, le tigre appartient à la culture et à la religion indienne. Il exprime force et protection. Sur la colonne est inscrit «  God is one his is the victory » (Dieu est Un, Il est la victoire). On trouve également des textes gravés en différentes langues des Indes.

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Les 4 847 noms inscrits sur le mémorial sont classés par unités. A l’opposé de la colonne, est gravée l’inscription : « India 1914-1918 : To the honour of the army of india which fought in France and Belgium, 1914-1918, and in perpetual remembrance of those of their dead whose names are here recorded and who have known grave » (En l’honneur de l’armée de l’Inde qui a combattu en France et en Belgique, 1914-1918, et pour perpétuer le souvenir de ses morts aux tombes inconnues dont les noms sont ici gravés). Le mémorial indique les lieux d’engagements des soldats de l’armée de l’Inde. La plupart d’entre eux ont été incinérés selon la tradition de leurs cultures.

L’élément constitutif contient également le Neuve-Chapelle 1939-1945 cremation Memorial. En 1964, les restes de huit soldats indiens (dont 2 non identifiés) ont été exhumés du cimetière de Sarrebourg. En 1964 est apposée une plaque de bronze rappelant les patronymes des 206 soldats indiens morts en captivité à Zehrensdorf, au sud de Berlin.

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L’emplacement du mémorial est symbolique en raison de l’hécatombe subie par l’armée des Indes, lors de deux épisodes  de la bataille de Neuve-Chapelle en 1915. Près de 4 000 d’entre eux y périssent. Six mois plus tard, devant Laventie, ils perdent 3 017 soldats lors de la seule journée du 25 septembre.

L’édification du mémorial est décrétée par le Président de la République Française en 1926. L’architecte du mémorial, pour l’Imperial War Graves Commission, Sir Herbert Baker (1862-1946), est retenu sur ce projet pour ses connaissances des traditions des Indes. Les sculptures sont l’œuvre de Charles Wheeler, qui l’a notamment accompagné dans de nombreux autres projets. Le monument est inauguré le 7 octobre 1927 en présence du maréchal Foch, de Sir Claude Jacob, général anglais, de Lord Birkenhead, secrétaire d’État de l’Inde, et de Léon Perrier, ministre des Colonies, et ce devant le maharadjah de Karputhala et le romancier Rudyard Kipling.

Les commémorations perdurent depuis sa construction et pour les plus récentes :

– le 19 juillet 2010, l’héritier de la Couronne d’Angleterre, le Prince de Galles, s’est recueilli au mémorial indien.

– le 13 mars 2015 se sont tenues les commémorations du centenaire de la bataille de Neuve-Chapelle avec une programmation proposée sous le haut patronage de l’Ambassade de l’Inde et avec le soutien du Département du Pas-de-Calais et de la Région. A l’occasion de ces commémorations, l’office de tourisme de Béthune-Bruay, les villes de Richebourg et de Neuve-Chapelle en partenariat avec le Conseil départemental du Pas-de-Calais ont organisé une exposition consacrée aux lithographies de Paul Sarrut, interprète et dessinateur au sein de l’armée. La plupart d’entre elles dépeignent les soldats indiens présents dans le secteur. Il est l’objet d’un tourisme de mémoire international.

Cet élément constitutif fait l’objet d’actions importantes liées au tourisme de mémoire : visites guidées, brochure touristique, circuit-cyclo, QR codes, et ce en lien avec les communes (Richebourg, Neuve-Chapelle, La Couture), les associations locales, l’Office de tourisme de Béthune-Bruay, et les Chemins de Mémoire.

PC02 – Cimetière militaire portugais de Richebourg-l’Avoué

Situé à quelques mètres du mémorial indien, sur la route de La Bassée à Estaires, au lieu-dit les Capiétans (Artois), le cimetière portugais de Richebourg est le seul cimetière portugais sur le front ouest.

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Derrière le muret blanc ceinturant le cimetière, s’étendent de vastes champs agricoles. Un imposant portail en fer et bronze doré ouvragé de motifs en forme de cœur signale son entrée. Cette porte monumentale décorée à son fronton de quatre écussons aux armes des trente provinces portugaises,  est ornée  de chaque côté, sous un dais, les croix de guerre française et portugaise.

Ce cimetière se distingue par ses stèles, ses matériaux et son caractère paysager lié à l’utilisation d’essences méditerranéennes. Il est divisé en 4 sections rectangulaires. Les tombes sont aménagées avec de stèles en granit gris du Portugal, du même type que les stèles britanniques mais dont la partie supérieure, au lieu d’être arrondie, forme un angle obtus d’environ 160°. Sur la partie inférieure de celle-ci est gravée une croix latine avec les armoiries du Portugal.

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Au centre, au pied du drapeau, une plaque de marbre porte l’inscription suivante en lettres dorées : « Homenagem do presidente da républica Dr Jorge Sampaio ao corpo expedicionario portuguès. 1 de maio de 2004 ».

Dans le fond, un monument est élevé en hommage aux combattants portugais de la Première Guerre. Constitué lui aussi de pierres venant du Portugal, il porte les noms des provinces dans des blasons apposés de part et d’autre d’une croix. 1 831 hommes reposent aujourd’hui dans ce cimetière de regroupement.

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Le 17 janvier 1917 est créé le corps expéditionnaire portugais (CEP) sous le commandement britannique. Du 2 février au 28 octobre, un peu moins de 70 000 hommes partent pour la France. Le 9 avril, l’armée allemande déclenche dans la vallée de la Lys l’offensive « Georgette », avec 100 000 combattants contre 20 000. Au cours de cette seule journée, les Portugais perdent près de 7 500 hommes et 6 000 sont faits prisonniers. Pourtant, le lendemain, aux côtés des Écossais, les survivants s’accrochent à La Couture, avant de devoir se replier. Le « Corpo » ne s’en remet pas et est évacué vers Ambleteuse.

Le cimetière de Richebourg aurait été inauguré par le maréchal Joffre le 11 novembre 1923, mais le terrain n’est acquis que l’année suivante par le Portugal. La Commission portugaise des sépultures de guerre se charge dès lors de la recherche et du regroupement des corps (venant de France, de Tournai en Belgique comme d’Allemagne), en collaboration avec l’administration française (Ministère des Anciens Combattants et 1re région militaire) ; il accueille 1 480 tombes en 1935. Le site est agrandi en 1939, permettant de regrouper d’autres corps (41 de Brest, 6 de Chartres, près de 400 de la Côte d’Opale). En février 1935, le consul du Portugal à Arras, Lantoine, prend l’initiative d’aménager un mur de briques, puis d’élever en 1937 l’imposant portail en fer et bronze conçu par le dessinateur Tomás Leal da Câmara (1876-1948). Les matériaux utilisés dans ce cimetière proviennent du Portugal et débarqués au Havre : 104 000 kilos de pierre travaillée et 137 000 kilos de stèles. L’aménagement des lieux est réalisé par des ouvriers portugais.

Une cérémonie a lieu avant même la fin des travaux du cimetière, le 29 avril 1935, en présence de l’inspecteur des sépultures militaires portugaises Inacio Pimentel et de l’architecte Tertuliano Marques (1883-1942), de Lantoine, de Pereira Scherley (vice-consul à Boulogne-sur-Mer), d’Ernesto Costa (entrepreneur), de MM. Cassez (maire de La Couture) et Boulinguez (maire de Richebourg).

Chaque année, le 1er ou 2e samedi du mois d’avril, une cérémonie est organisée sur le site avec la présence de nombreux Portugais parmi lesquels figurent des descendants.  Les commémorations ont lieu, au cimetière portugais puis à la chapelle Notre-Dame de Fatima (située en face) et au monument aux morts de la Couture. Elles sont notamment organisées sous la houlette de Joao Marques, Président de l’union franco-portugaise de Richebourg.

Le 1er mai 2004, le Président de la République portugaise Jorge Sampaio est venu s’y recueillir et a laissé une plaque aujourd’hui fixée au pied du drapeau national. Sur le mur du fond, sont apposées d’autres plaques commémorant les visites de dignitaires et hauts responsables venus se recueillir dans le cimetière. Il est intégré dans tous les circuits mémoire.