SAINT-QUENTIN

AI02 Cimetière militaire allemand de Saint-Quentin & monument franco-allemand de Saint-Quentin

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Situé en bordure ouest de la Ville, le cimetière allemand de Saint-Quentin s’étend sur 3 ha, il est établi sur un terrain légèrement en pente. En ce lieu reposent les corps de 8 229 soldats allemands dont 1514 en un ossuaire. Sur cette étendue engazonnée et arborée se répartissent 6265 croix en métal.

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A gauche de l’entrée, a été édifié en 1915 un monument franco-allemand, en pierre bleue granitique par le syndicat du granit Wunsiedel de Bavière et l’artiste sculpteur Wilhelm Wandschneider (1866-1942). Inauguré le 18 octobre 1915 par Guillaume II, il est inspiré de l’Antiquité gréco-romaine. Dédié aux Français et aux Allemands, il est dédié aux soldats, « ennemis d’ hier, unis dans la mort ». Composé d’un mur rectangulaire dans lequel sont incrustées des chaînes en pierre, et en son milieu, d’un avant corps établi sur un soubassement, sa façade imite celle d’un temple grec. L’avant corps comprend quatre colonnes qui soutiennent les chapiteaux, l’architrave, une alternance de triglyphes et de métopes ainsi que le fronton. Les Métopes représentent des couronnes de feuilles de chêne. Le chêne est l’arbre emblématique des cimetières allemands,  en raison de sa solidité et sa robustesse, il symbolise la force, l’empereur. Le Fronton porte les mentions « AW » qui encadrent les initiales « P » et « X » entremêlées. Ces lettres représentent un chrisme, symbole chrétien formé des deux lettres grecques Χ (chi) et Ρ (rhô), la première apposée sur la seconde. Il s’agit des deux premières lettres du mot Χριστός (Christ). Les lettres α (Alpha) et ω (Oméga), symbolisent le commencement et la fin. De plus, le verbe apxw signifie « diriger, aller en tête, commencer » fait référence au fondateur et premier chef de l’Église chrétienne naissante .Au centre du Monument, un bas-relief sculpté présentant un glaive placé derrière une couronne mortuaire, surmonté de l’inscription : « REQUIESCANT IN PACE MORRIT HIC PRO PATRIA 1914 1918 ». 1918 ne figurant pas originellement. A gauche du bas relief sont gravés les noms et prénoms, agrémentés d’une croix de guerre, des militaires français enterrés dans ce cimetière lors de l’inauguration. Sur la partie droite figurent ceux des soldats allemands, surmontés d’une croix de fer. Sur les marches donnant accès à l’avant corps du monument deux piédestaux portent chacun une statue en bronze Celle de gauche représente un hoplite grec portant un casque cimier, une cuirasse en métal, une tunique courte, une lance et il tient dans sa main gauche une couronne mortuaire. Celle de droite est également un hoplite qui, tenant une lance et s’étant décoiffée du casque qu’il tient de ses deux mains, semble se recueillir. Ces deux statues sont signées du sculpteur et de l’architecte  « Geg Lauchhammer  W Wandschneider fec 1915 ». Endommagé par un obus, il est restauré en 1932. Seul le bas du chapiteau de la colonne alors diffère légèrement de l’autre, les patronymes détériorés sont recouverts d’un enduit en ciment. Il est l’objet d’une nouvelle restauration en 2008. Les deux statues sont restaurées et deux plaques commémoratives (l’une en allemand et l’autre en français) apposées sur ces socles. Cette façade de temple antique reconstituée et les hoplites de bronze forment un ensemble d’art funéraire remarquable. Leur présence fût remise en cause au moment de la construction du monument, le bronze étant réservé à l’époque à l’industrie de l’armement.

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Les Allemands ouvrent cette nécropole à l’automne 1914 dans un cimetière existant, le cimetière Saint Martin. En application du Traité de Francfort, ils inhument tous les soldats tués au cours des combats qui se sont déroulés, dans la région, du 28 au 30 août 1914, soldats morts au cours de la bataille de Guise et à Saint Quentin dans les hôpitaux de la ville, Saint-Quentin devenant une place importante du dispositif allemand, à l’arrière du front.

L’empereur décide en novembre 1914, d’y ériger un monument aux morts cofinancé par les autorités militaires allemandes et la ville de Saint Quentin. Guillaume II supervise sa réalisation de près, le finance en partie. Il  fait parvenir à l’architecte ses directives et des esquisses faites par lui-même des deux guerriers grecs. L’empereur choisit ces deux modèles d’hoplites, car il pense que la population française ne tolérerait pas une représentation de soldats en uniforme allemand après la fin de la guerre. Le 25 mars 1915, quatre maquettes en plâtre sont soumises au maire de Saint-Quentin, qui  ne peut qu’approuver le projet. En ce lieu reposent en octobre 1915, 706 soldats allemands, 191 Français parmi lesquels beaucoup de Marocains et 80 officiers britanniques. Lors de l’inauguration du monument l’empereur rend hommage aux morts des trois nations, en déposant une gerbe sur une tombe allemande, une tombe française et une tombe anglaise1. A cette époque, des blessés de la bataille de la Somme mais surtout des morts liés aux offensives et de la contre-offensive alliée de 1918 y sont inhumés. Le cimetière est exposé aux cibles de l’ennemi et subit de nombreux dégâts.

La paix revenue l’Etat-civil militaire crée en 1923 l’actuel cimetière militaire français. Il exhume les soldats français du cimetière ouvert par les Allemands. Puis on y regroupe les corps  des soldats provenant des 98 cimetières provisoires de la région. Pendant l’entre-deux-guerres, le cimetière allemand de Saint Quentin est embelli. L’embellissement paysager de la nécropole est effectué par des jeunes allemands volontaires, principalement de Hambourg, de 1963 à 1973. Il faut attendre 1971 pour que les croix de bois soient remplacées par des croix métalliques. Y reposent actuellement 706 soldats allemands, 191 Français parmi lesquels beaucoup de Marocains et 80 officiers britanniques. Lors de ce réaménagement par le VDK, les deux ossuaires sont rassemblés en un seul, des plaques en métal portent le nom des morts connus qui y reposent. Un mur est construit pour délimiter le cimetière, et une grande croix est érigée sur l’axe central.  Y reposent aujourd’hui 8229 soldats, dont 1935 en ossuaire parmi lesquels on compte 1501 inconnus.