SARREBOURG

MS04 Cimetière national français de prisonniers de guerre de Sarrebourg

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Cette nécropole, vaste quadrilatère de 333,33m de long par 150m de large, à l’architecture simple et dépouillée, compte 13.314 tombes individuelles. A l’extrémité de la grande allée s’élèvent les deux ossuaires : 5 corps identifiés dans celui de gauche, 34 inconnus dans celui de droite. Au nord-est, s’étend le grand carré musulman.

Pluriculturelle, on y voit des stèles latines, musulmanes, de libres penseurs, juives, de civils de tous âges (vieillards, adultes et enfants), de religieux. Son ordonnancement est simple, la symétrie de règle : les sépultures se répartissent géométriquement de part et d’autre d’une allée centrale, large de 9 mètres, conduisant à une esplanade carrée sur laquelle se dresse la statue du Géant enchaîné, visible depuis l’entrée monumentale. Des allées transversales et longitudinales individualisent des rangées de 9 plots de chacune 15 tombes individuelles.

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Créé en 1922, unique sur le front, c’est le seul cimetière de prisonniers français et de la France d’outre-mer de la guerre 14-18, décédés en captivité en Allemagne. Il est établi sur le champ de bataille d’août 1914, à la lisière du bois du « Mittelwald ». Des soldats, faits prisonniers en ce lieu, y reposent. En 1921, malgré l’article 226 du Traité de Versailles, obligeant le gouvernement allemand à l’entretien perpétuel des tombes de nos nationaux inhumés en Allemagne, le ministre de la guerre et des pensions décide de restituer les corps réclamés par les familles et de rapatrier les autres. L’Etat cherche un terrain pour inhumer les 13.326 corps restés en Allemagne. Plusieurs villes (Boussevillers, Bischeviller, Woerth, Saint-Dié et Sarrebourg) se portent candidates. Le 1er avril 1922, le maire J. Piffert en informe le conseil municipal et propose de mettre un terrain de 5 ha à la disposition de l’Etat. Le conseil municipal plébiscite l’offre : la commune de Hof cède le terrain. Le 22 avril, la municipalité le remet gracieusement à l’Etat. Le 2 juin 1922, A. Maginot, ministre de la guerre et des pensions, entérine sa création, au lieu-dit « Hasenweide » sur une surface de 6.126m2. Le panorama,  sur la ligne bleue des Vosges, arrête son choix.

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Supervisé par l’état civil militaire et le Souvenir Français de Sarrebourg, le génie l’aménage, trace des allées, construit la clôture et érige sa porte monumentale. Le lieutenant Borel obtient son agrandissement par l’adjonction d’une bande de 10 m de terrain sur toute la longueur et la largeur, afin d’accueillir 240 corps supplémentaires. Son architecture répond aux règles de sépulture d’alors, sans conformité à un cadre normé prédéfini car, imposé seulement à partir du 24 février 1927. Le rapatriement des corps s’échelonne d’octobre 1923 à juillet 1926. Les travaux d’exhumation débutent à Langensalza, le 28 novembre 1923 et s’achèvent le 19 juin 1926, laissant outre-Rhin, les mémoriaux érigés par les prisonniers pour leurs camarades d’où la résonance exceptionnelle de cette nécropole; ces derniers sont aujourd’hui, entretenus et protégés. Le petit nombre d’inconnus est lié aux circonstances de leur mort et à une gestion rigoureuse des exhumations. Les corps sont inhumés selon leur ordre d’arrivée depuis les cimetières allemands, respectant l’égalité devant la mort. La nécropole est inaugurée le 12 septembre 1926 par L. Marin, Ministre des Pensions, en présence des autorités locales, régionales et des Délégations nationales. Son aménagement se poursuit une dizaine d’années. Le Comité des Prisonniers de Guerre de Paris y élève une statue en granit, sculptée dans le camp de Grafenwöhr, par Freddy Stoll, prisonnier de guerre, d’origine Suisse, engagé dans l’armée française, matricule 1034. La sculpture quitte le camp le 14 juin 1928, et est érigée le 29 juin 1930. En 1937, on effectue  les plantations et des stèles remplacent les croix de bois. Sans entretien durant le second conflit mondial, le cimetière est restauré par tranche à partir de 1950 : les stèles en béton sont redessinées. Ici reposent à jamais, des hommes, des femmes, des enfants (détenus comme otages pendant la guerre en Allemagne), issus de France et de tous les Etats de l’ex-empire colonial français. Parmi eux, des tirailleurs nord-africains (tunisiens, algériens, marocains), des tirailleurs sénégalais originaires de territoires devenus les actuels Etats du Mali, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Cameroun, du Niger, du Tchad, du Togo, et d’autres venus de tous les continents (Madagascar,  Cambodge, Indochine, Cochinchine, Laos, Caraïbes, comptoirs indiens et chinois). La municipalité et les habitants, attachés à ce lieu de pèlerinage ou de visite, y organisent des commémorations régulières associant les enfants des écoles de l’agglomération.