AI03 Cimetière militaire allemand de Veslud
Adossé à la forêt au sud, et à la plaine de Laon au nord, situé à l’arrière du cimetière civil, le cimetière de Veslud est conçu dès son origine avec un aménagement en terrasses, suivant la pente. Il figure avec celui de Sainte-Marie-aux-Mines, de Bouillonville, parmi l’un des plus beaux de la Grande Guerre, par son environnement boisé et son aménagement paysager. Un architecte paysagiste allemand de la ville de Brunswick participa à sa conception. En ce lieu reposent aujourd’hui 1704 corps de soldats allemands répartis en plusieurs espaces aménagés comme un jardin : un carré, un espace circulaire au centre et surélevé où subsistent des pierres tombales originelles à côté de croix récentes en pierre noire et une terrasse.
Celle-ci conduit par un escalier central à un très beau monument allemand érigé vers 1917 surmonté d’un casque allemand en pierre. Réalisé en pierre blanche. Il est l’œuvre du sculpteur Scholzen de Düsseldorf.
A l’arrière-front du Chemin des Dames, les troupes allemandes peuvent construire dans ce secteur à partir de 1915 des cimetières pour leurs soldats morts au combat ou des suites de leurs blessures. La création d’un cimetière allemand de Veslud dans l’Aisne est liée à la présence, à proximité, d’un important poste de secours ou d’un hôpital de campagne. Un grand nombre de soldats inhumés en ce lieu, proviennent des pertes occasionnées lors des offensives françaises de 1917 et allemandes de mai 1918 lors des offensives sur le Chemin des Dames. Les corps provenant notamment d’hôpitaux militaires sont inhumés jusqu’au début du mois d’octobre 1918.
Conçu dès son origine avec un aménagement en terrasses, adossé à la forêt, au sud, et la plaine de Laon, au nord, il escalade la pente. Son plan est l’œuvre d’un inspecteur des jardins de la ville de Brunswick/Braunschweig (Basse-Saxe), mobilisé dans l’armée allemande, qui n’a pas hésité à employer la dynamite pour réaliser dans la roche des escaliers et des terrasses. A l’aide d’explosifs, les terrasses ont été aménagées pour recevoir des tombes en bois, en pierre ou en béton. A l’origine, il devait ressembler à un jardin, avec de nombreuses plantations et parterres de fleurs, comme l’attestent des photographies d’époque. Plusieurs escaliers permettaient d’accéder aux différentes terrasses. Sur sa partie supérieure, l’armée allemande érige un monument dédié à la 50e division d’infanterie, qui subsiste aujourd’hui. Géré par la France à l’issue du conflit, le cimetière a été réaménagé dans les années 1930. Dans les années 1960, et avant même la convention franco-allemande de 1966 sur les sépultures de guerre, des travaux d’entretien ont été réalisés dans le cadre de camps de jeunes organisés par le Volksbund, avec l’accord des autorités françaises. En 1979, sous l’égide du V.D.K., toutes les tombes ont été refaites en pierre, sous forme de croix latines pour les catholiques et les protestants, et sous forme de stèles pour les soldats juifs. D’importants travaux de réaménagement ont eu lieu entre 1980 et 1987 aboutissant à la pose de pierre de granit pour les escaliers menant au monument.
Le cimetière et son monument font de Veslud l’un des endroits privilégiés des visiteurs allemands sur le Chemin des Dames. Ce cimetière militaire associe quatre particularités : un environnement remarquable, un aménagement intérieur très original, la présence de stèles et un monument aux morts originels parfaitement conservés. Son architecture, sa scénographie, son aménagement paysager en font un témoin remarquable de la conception allemande des sites funéraires et des pratiques mémorielles et funéraires associées dédiés aux repos des morts. Il permet d’appréhender e comprendre le modèle allemand du culte du souvenir propre aux Allemands entre 1914 et 1918.