Apremont dans les Ardennes

Apremont dans les Ardennes

Treize cimetières allemands importants sont implantés dans le département : Apremont, Asfeld, Aussonce, Buzancy, Chestres, La Neuville-en-Tourne-à-Fuy, Monthois, Mont-Saint-Remy, Noyers-Pont-Maugis, Orfeuil, Saint-Étienne-à-Arnes, Séchault et Vouziers. Selon les sources, parfois divergentes, environ 65 000 Allemands y reposent, soit environ 9 % des tués.

Ce qui classe le département des Ardennes au sixième rang du nombre des sépultures allemandes après l’Aisne, le Pas-de-Calais, la Somme, la Meuse et la Marne. Ils sont sous la responsabilité du « Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge” aussi connu en France sous l’appellation de SESMA (Service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes).

Apremont, Dep. Ardennes - Februar 1962 - Blick über das Gräberfeld mit Denkma

 

Le premier, Apremont, aménagé dès novembre 1915, soit en bordure de forêt soit dans une clairière, est typique de la volonté des Allemands d’intégrer, selon Carl Pépin (1) : « les sépultures au paysage forestier ». Yves Le Maner (2) précise le type de cimetière souhaité par les Allemands : « La croissance de la végétation est libre ; les arbres ne sont pas élagués. Ce choix renvoie à la mythologie germanique qui est fondée sur la communion de l’Homme et de la Nature. L’architecture de ces cimetières est austère, mais laisse une grande place aux arbres. Ceux-ci veillent sur le repos éternel des soldats. L’impression est souvent donnée que le cimetière a été implanté dans une forêt. » C’est animé de cette conception qu’il faut lire les comptes rendus conservés dans les archives du Volksbund. Un rapporteur en 1926 compte à Apremont 1095 tombes (il y en a 1111 en 2014). Il constate que ce cimetière « montre dans la solitude profonde de la forêt le caractère du cimetière allemand ». Les rapporteurs de 1927 et 1928 attestent que les décorations originales subsistent encore : thuyas, buis, plantes à feuilles, chrysanthèmes et épicéas. Il est clôturé par des feuillus ardennais et quelques-uns de ces arbres imposants se trouvent au milieu des tombes, contribuant à la beauté de l’endroit. Le rapporteur de 1932 décrit de superbes hêtres pourpres et des chênes, soulignant qu’à côté d’eux, la présence de beaux thuyas semble « bizarre », il signale qu’il est prévu de les transplanter à l’entrée. Cette année-là, même si Apremont présente encore l’aspect que lui avaient donné ses fondateurs, le rapporteur regrette la mort de certains arbres détruisant l’unité qui avait été recherchée. Il conclut : « Les tumulus ne portent plus que des restes de l’ancienne décoration florale, ils sont nus sinon. »

En 2015, cent ans après, Apremont, malgré quelques arbres dangereux condamnés à disparaître, reste un modèle de cimetière à découvrir.

Jacques LAMBERT
Membre du bureau de L’Association Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre, et auteur de Les cimetières allemands des Ardennes après la guerre (1918-1943) in La Première Guerre mondiale dans les Ardennes, Études pour le Centenaire (Société d’Histoire des Ardennes, Éditions Terres Ardennaises, Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais).

Merci au responsable national français du “Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge”, Julien Hauser, de m’avoir fait parvenir par le biais de Pierre-François Toulze, les comptes rendus et photos détenus par son association
(1) Carl PÉPIN, Ich hatte einen Kameraden : les cimetières allemands dans le paysage franco-belge
(2) Yves LE MANER, Les caractéristiques nationales des nécropoles