Exposition internationale temporaire, In Flanders Fields Museum, Ypres (Belgique), Avril/Mai 2023- Février 2024
Dans l’exposition « Pour l’Eternité », le musée In Flanders Fields (IFFM) veut esquisser la transformation du paysage de guerre en paysage de mémoire par le biais d’une réflexion sur les cimetières et les monuments de la Première Guerre mondiale en tant qu’ancrages du paysage de mémoire. L’exposition vise à répondre aux questions morales, philosophiques et pratiques que le sujet soulève pour les visiteurs et à dissiper les mythes qui prévalent encore. » Pour l’Eternité » présente cette évolution historique selon sept perspectives d’un point de vueallemand, français, belge, britannique et américain. Le contexte historique est pris en compte, ainsi que la pertinence actuelle.
« Lieux de mémoire » est un élément important de la commémoration de la Première Guerre mondiale, initialement pour les anciens combattants et les parents en deuil, aujourd’hui pour les groupes contemporains, les générations suivantes de parents et le tourisme commémoratif. La perspective paysagère se concentre donc sur l’évolution de l’emplacement des cimetières, causée entre autres par le rapatriement et la concentration des corps, avec pour conséquence la disparition des tombes. La préservation des toponymes du temps de guerre dans les noms des cimetières en est également un élément important.
Cette perspective paysagère est étroitement liée à la perspective historiqueet archéologique. L’accent y est mis sur l’évolution de la commémoration immédiate pendant la guerre et de l’impréparation des belligérants face au grand nombre de morts à la création d’organisations rationalisées, telles que la CWGC, le VDK, le Service des Sépultures Militaires, l’ABMC et d’autres, qui sont toujours chargées de l’entretien des nombreux cimetières de la 1e Guerre mondiale. Entre autres choses, l’application massive, pour la première fois, de sépultures individuelles de soldats tombés est au cœur de cette historie. Les différentes formes d’inhumation (cimetières de champs de bataille et de concentration, fosses communes, terrains militaires, etc.) sont également abordées. En outre, d’un point de vue archéologique, nous voulons établir une carte des ré-inhumations en reliant la sépulture d’origine aux sépultures ultérieures.
En outre, l’IFFM souhaite également donner à ses valeurs fondamentales de multivocalité (pluralisme) et d’inclusion une place importante dans « Pour l’Eternité ». La perspective politico-idéologique est donc l’un des angles les plus importants, car elle se concentre sur la question de savoir qui se souvient et qui est « oublié ». En outre, des réflexions sont également menées sur la signification politique contemporaine des cimetières et des monuments et sur le rôle de ces sites commémoratifs dans la propagation des idées (européennes) sur la paix et la coopération. Cette perspective politico-idéologique, outre la préservation d’éléments du paysage de guerre, explique également les différents choix architecturaux effectués lors de la conception des cimetières. En outre, la perspective architecturale examine également de plus près l’évolution architecturale et le changement de perception des cimetières pendant la guerre jusqu’à aujourd’hui. Les histoires des différents architectes sont liées à des joyaux cachés dans le paysage, ce qui encourage le visiteur à explorer lui-même le paysage.
Aujourd’hui, la visite d’un cimetière militaire, qui commémore les victimes de la Première Guerre mondiale, occupe une place d’honneur dans une visite des Flandres. Pendant et peu après la guerre, les pèlerinages ont également joué un rôle important dans le processus de deuil. La perspective touristique décrit donc l’évolution de la commémoration privée vers la commémoration publique.
Outre la polyphonie et l’inclusivité, la position centrale des histoires personnelles dans le musée est caractéristique de l’IFFM. Dans « Pour l’Eternité » également, cette perspective personnelleoccupe une place importante pour éclairer l’importance émotionnelle de l’enterrement dans le processus de deuil et le rôle de la religion dans ce processus.
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Dr. Dominiek Dendooven dominiek.dendooven@ieper.be
Margot Melsens margot.melsens@ieper.be