PC11 Cimetière militaire & mémoriaux du Commonwealth “Faubourg D’Amiens Cemetery”, “Arras Memorial” et “Arras Flying Services Memorial”
L’ensemble mémoriel affiche un caractère unique en raison de la présence du mémorial aux aviateurs des forces aériennes britanniques, seul monument leur rendant spécifiquement hommage sur le front ouest. Cet ensemble mémoriel pensé par Lutyens, est emblématique de la culture britannique. De type monumental, il englobe un cimetière militaire regroupant 2 651 tombes auxquelles s’ajoutent 30 tombes de guerre d’autres nationalités, principalement allemandes ainsi qu’une française. L’antériorité du cimetière explique le tracé décalé des allées. Les mémoriaux sont élevés à l’emplacement du cimetière militaire français désaffecté, ils sont l’œuvre de Lutyens. L’Arras Flying Services Memorial se dresse dans la demi-rotonde qui ouvre sur la Pierre du Souvenir, il se présente sous la forme d’une colonne carrée surmontée d’une mappemonde réalisée par le sculpteur William Reid Dick et correspondant à la terre au matin de l’armistice. Il rend hommage aux 991 hommes des forces aériennes britanniques (Royal Naval Air Service, Royal Flying Corps et Royal Air Force), disparus sur le front ouest.).
L’Arras Memorial d’inspiration religieuse, cloître tronqué, fait partie d’un ensemble plus vaste jamais mis en œuvre à la demande de la France. Il rappelle les 34 785 soldats du Royaume Uni, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande disparus dans le secteur sans sépulture, entre le printemps 1916 et le 7 août 1918 – le souvenir des Canadiens et des Australiens étant rappelé à Vimy et à Villers-Bretonneux, tandis que le Cambrai Memorial, de Louverval, est consacré aux victimes de la bataille de Cambrai (novembre-décembre 1917). Sur le mémorial sont gravés les noms de 34 785 soldats. L’ensemble permet de visualiser la mort de masse.
Ce cimetière anglais est ouvert en mars 1916 à l’arrière d’un cimetière français. Il est utilisé par les unités combattantes jusqu’à l’armistice Il est emblématique des batailles d’Arras (1917) déclenchées en diversion de l’attaque française sur le Chemin des Dames. En préparation de cet assaut, les tunneliers néo-zélandais aménagent les anciennes carrières de craie d’Arras, les « boves », en véritables réseaux souterrains dans lesquels 24 000 soldats sont regroupés au plus près des lignes allemandes dans la plus grande discrétion. Pour les forces du Commonwealth, la bataille a été un véritable massacre : elle fait 100 000 victimes dans les rangs britanniques, dont près de 37 300 tués ou portés disparus. La plupart des combattants inhumés dans le cimetière ont trouvé la mort lors de la bataille d’Arras, lancée le 9 avril 1917.
En préparation puis en appui de l’offensive terrestre, le Royal Flying Corps mène des missions de reconnaissance et des raids contre certaines positions allemandes. Il trouve face à lui la force aérienne allemande équipée des puissants Albatros, parmi laquelle combat l’escadrille Jasta 11 menée par le « Baron Rouge », Manfred Von Richthofen. Pour le Royal Flying Corps, avril 1917 restera comme le « bloody April » (avril sanglant) où l’espérance de vie était passée de 3 semaines à 17 h. En un mois, il perd 316 pilotes sur 730 hommes engagés : parmi eux, le major Edward Mannock, l’as des as de l’aviation britannique (73 victoires aériennes).
Pour le réaliser, Luytens, comme d’autres architectes de son temps, puise son inspiration dans les types de bâtiments appropriés à une fonction tels que les monastères. Le mémorial présente ainsi toute une série de cloîtres. Le caractère fragmentaire du mémorial est typique du travail de Lutyens qui cherche à capturer l’énormité de la guerre dans un seul bloc. Les deux portiques du mémorial portent un toit incurvé destiné à accentuer le passage de la croix du sacrifice au Flying Services Memorial. En raison de cette structure tridimensionnelle, il est maintenant devenu un monument pensé sans début et sans fin. La façade se compose d’une combinaison de pierre et de brique. À l’intérieur, des panneaux de pierre avec les noms des soldats disparus ont été fixés sur la brique. Jusqu’à ces dernières années, les briques situées à l’extérieur étaient couverts de lierre. Il est agrandi pour accueillir les corps venus du front comme de deux petits cimetières voisins : La croix du sacrifice, autrefois placée à l’intérieur du mémorial a été déplacée et installée face au boulevard, ce qui « affaiblit » la relation entre le mémorial et la croix.
Le mémorial est inauguré le 31 juillet 1932, par Lord Hugh Trenchard, maréchal de la Royal Air Force, en présence de plusieurs généraux anglais, de Sir Fabian Ware, vice-président, et du personnel supérieur de la Commission impériale des sépultures militaires britanniques (IWGC), et de nombreuses personnalités françaises, civiles et militaires. Ce site est aujourd’hui très visité et fait l’objet de nombreuses commémorations.