VS01 Nécropole nationale française de la Fontenelle
Localisée sur la ligne de front, la nécropole de la Fontenelle est implantée sur le sommet de la colline observatoire de Ban-de-Sapt (cote 627). Elle occupe le site le plus emblématique de la guerre de moyenne montagne, dans le massif des Vosges.
Dans la nécropole qui s’étend sur 117 635 m², reposent 1384 soldats dont 424 en un ossuaire portant seulement les noms des régiments. Son plan hexagonal original et sa scénographie exceptionnelle mettent en valeur l’imposant monument allégorique en grès, extrait de la carrière de la Tête de la Biche (massif de la Madeleine), œuvre d’Emile Just Bachelet (1892-1981). Dédié «aux Vaillants Défenseurs du sol Vosgien », il est sur une large esplanade, sorte de jardin du souvenir. Cet édifice est visible très loin alentour. Monument départemental, il domine de ses 17m l’ensemble de la nécropole. Tourné vers l’ossuaire, les 960 sépultures individuelles aux stèles rosées se groupent autour de lui, symétriquement, de part et d’autre de l’allée centrale, au milieu de laquelle flotte le drapeau tricolore.
Quatre figures l’ornent : un Poilu, une Victoire et deux Pleureuses. Le Poilu symbolise, à lui seul, tous ceux qui gisent dans la nécropole. Son regard tourné vers le hameau de Laître et vers l’Allemagne, il veille, sur la nécropole, à la manière d’un garde – frontière protégeant la République. Le traitement paysager du lieu, œuvre de l’école du paysage de Roville-aux-Chênes, est remarquable : les cônes visuels sont préservés et les plantations recourent aux essences endogènes.
Etablie au sommet du belvédère, la nécropole fait corps avec le champ de bataille arasé, tranchées et cratères nivelés, qui accueille les dépouilles des soldats tombés pour défendre ou reconquérir la colline. Elle inaugure après la guerre le concept singulier et exceptionnel sur le font ouest occidental de «nécropole champ de bataille sommital», retrouvé dans les Dolomites. Le bouleversement du paysage alentour traduit, un siècle après, la violence des combats au cours plusieurs centaines d’hommes.
C’est lors de la séance du Conseil Général du 3 mai 1920 que Gaston Rouvier, préfet des Vosges, fait le choix d’implantation de la nécropole sur la cote 627 à la Fontenelle. Il donne la définition de ce que devait représenter ce site tant sur le plan du symbole que de son aspect : « Rendue par la guerre impropre à la culture, la Tête de la Fontenelle, sur le territoire du Ban-de-Sapt, a été choisie par l’autorité militaire pour enclore une nécropole de soldats ; j’en propose à l’Etat le rachat. C’est un des points de la terre vosgienne les plus sanctifiés par le sang de nos enfants et les plus illustrés par leur héroïsme. Du sommet de cette colline émouvante, le regard embrasse l’un des panoramas les plus vastes et les plus beaux de notre département. Nul autre endroit ne me paraît mieux désigné, pour être dédiés par vous, messieurs, aux grands morts et aux grands soldats des Vosges.». Le même jour, il prend l’initiative d’y élever par souscription une plateforme où se dressera visible de tout le pourtour d’un horizon immense une colonne monumentale où se liront ces simples mots : » Aux Grands Morts, aux Grands Soldats des Vosges, le Département reconnaissant ». Cette figure allégorique, devant rappeler aux générations futures l’ampleur des sacrifices consentis en terre vosgienne ». Le cimetière de guerre épouse dès lors une forme particulière, il est agrandi pour accueillir, les corps des soldats retrouvés sur place ainsi que ceux des cimetières provisoires de la vallée de la Hure et le monument. La souscription nationale avec émission de médaille commémorative gravée par Daniel Dupuis et dès décembre 1920, le sculpteur, obligatoirement lorrain, est choisi. On arrête son emplacement le 15 janvier 1921, le cimetière mesure alors 114m de large sur 121 m de long, il sera élévé sur une enclave départementale qui donne sa forme hexagonale à la nécropole. Bachelet s’associe à l’architecte Equer et au décorateur H.L.J. Hurey. Il est érigé avec l’aide de l’entreprise F. Duday (Saint Dié). Il est inauguré le 15 août 1925 par Jammy Schmidt, sous-secrétaire d’Etat aux régions libérées. Visible à plusieurs kilomètres à la ronde, la nécropole fait l’objet d’agrandissements au fur et à mesure que des corps sont retrouvés dans les champs de bataille avoisinants: en 1920, 1921, 1924, 1931, 1932 et 1935. Son plan initial est conservé car la plupart des corps exhumés des cimetières de guerre de la Croix de Lorraine, de la Vercoste, de la Fontenelle, du Bois Martignon, Huguenet, Floquet, de la Croix de Gemainfaing, d’Hermanpaire, de Denipaire et de Celles-sur-Plaine sont placés en ossuaire. Les soldats allemands exhumés reposent à la nécropole de Senones. Sa réfection est réalisée sans porter atteinte au site en 1989-1990. Aujourd’hui, inscrit dans un contexte mémoriel très fort, ce lieu, très visité, respirant la paix et la sérénité d’un cadre grandiose, est devenu le symbole départemental de la Grande Guerre dans les Vosges. Il est l’objet de multiples commémorations.