ND04 Cimetière militaire allemand de la Route de Solesmes & cimetière militaire du Commonwealth « Cambrai East Military Cemetery »
Le cimetière allemand de la route de Solesmes et le Cambrai East Military Cemetery sont aménagés dans une zone périurbaine à la sortie Est de la ville, jouxtant l’un des cimetières communaux, le long de la route départementale D942.
Assez vaste, cet ensemble est dessiné et arboré selon un plan précis, dressé par le professeur Wilhelm Kreis (1873-1955) au cours de la guerre.
L’entrée se fait par une allée menant à une grande croix latine ceinte d’un mur encadré par un casque allemand et un casque français. Une citation de Goethe est inscrite sur la croix tandis que les murs portent des bas-reliefs où des flambeaux se croisent sur la date « 1917 ». Sur l’extérieur du mur sont gravés des graffitis.
Les monuments commémoratifs, installés par les troupes allemandes, ont été en grande partie conservés. Quatre sont particulièrement remarquables et témoignent à l’époque du respect du combattant mort pour sa patrie « ennemi durant la vie, uni dans la mort ». Le monument allemand (casque d’acier) est installé au cœur du carré britannique, le monument anglais (casque Brodie et obus), au milieu des tombes russes, les monuments français (casque Adrian) et international, parmi les stèles allemandes. Une phrase, extrait de poème ou de la Bible, est souvent gravée sur le socle. Le monument international n’est pas sculpté, il est orné d’une même phrase sur les quatre faces traduites en allemand, anglais, français et russe : « Le glaive divise, la croix unit ». D’autres monuments commémoratifs représentent des croix latines ornées de glaives encadrant la date « 1917 », ou l’Alpha et l’Oméga.
Sur les 10.685 morts allemands, 7.939 sont en tombes individuelles (dont 242 « soldat inconnu »). Parmi les sépultures allemandes est aménagé un carré réservé aux soldats russes, combattants ou prisonniers de guerre. Il est toutefois mentionné sur leurs croix « soldat russe/mort pour la patrie » et non « prisonnier russe » comme c’est le cas à la nécropole franco-allemande d’Assevent. Les tombes sont marquées de croix grecques (Allemands), latines (Russes ou Roumains) ou sont des stèles israélites (26) ou neutres. Selon les emplacements, elles sont alignées, installées en cercles ou en divisées en carrés. Sous les arbres, dans l’ossuaire couvert de lierre, reposent 2.746 corps dont 2.307 inconnus, soldats exhumés de 31 cimetières provisoires ou communaux des environs de Cambrai.
Les deux carrés du Cambrai East military cemetery ont été dessinés par Charles Holden (1875-1960), l’un des principaux architectes de l’IWGC. Initialement, les tombes britanniques étaient aménagées au fond de la parcelle. En février 1924, Wilhem Clement Von Berg, architecte de l’IWGC en France, dresse les plans détaillés des deux carrés, précisant le nombre de tombes par rangées, les matériaux et le dessin des murs. Le premier (Plots I à VI) se situe au sud-est du cimetière et bénéficie d’un double accès soit par la nécropole allemande ou par la route de Solesmes. Ce cimetière est ouvert par les troupes de Commonwealth après la prise de Cambrai pour accueillir 501 tombes (dont 28 de soldats connus de dieu seul) et plusieurs mémoriaux listant les soldats dont les sépultures sont inconnues. Un aviateur allemand y est enterré. Le second carré, bordé de buis, est installé à droite de l’entrée principale. Il regroupe les tombes de soldats du Commonwealth prisonniers et d’une douzaine d’aviateurs (Plot VII, rangée B) autour du monument allemand.
Occupée par les Allemands dès le 25 août 1914, la ville de Cambrai devient rapidement un important centre de logistique et de commandement. Un sanatorium allemand, de nombreux hôpitaux y sont ouverts. Elle n’est libérée par des troupes principalement canadiennes, que le 9 octobre 1918 après avoir été presque totalement détruite et incendiée. Jusqu’en mars 1917, les Allemands enterrent leurs morts et les morts alliés dans le cimetière communal de la Porte de Paris. Devenu trop petit, ils créent un vaste cimetière sur la route de Solesmes en prévision des grandes offensives, afin de recevoir tous les combattants (allemands et alliés) morts au front ou dans les hôpitaux de la ville. Il rappelle ceux du Commonwealth de Mons, Le Cateau et du Sanctuary Wood Cemetery près d’Ypres.
Il est agrandi au cours des années 1920 avec le transfert des corps des soldats des nécropoles alentours. Jusqu’aux années 1960, les découvertes de corps allemands dans le département conduisent à des ré-inhumations dans cette nécropole. En novembre 1997, le soldat allemand Josef Himmelreich, mort à 21 ans au cours de la bataille de Cambrai, dont les restes sont retrouvés et identifiés, est inhumé en présence de représentants allemands, français et britanniques. Aujourd’hui, la présence de poppies, de cocardes allemandes, de gerbes de fleur et les témoignages laissés dans le recueil des visiteurs attestent de la mémoire toujours présente des descendants des combattants.