OI01 Nécropole nationale française de Cuts
Située à la sortie du village, la nécropole nationale française de Cuts appartient à la vallée de l’Oise soissonnaise. Adossée aux bois de Cuts et de Saint-Barthélemy, elle jouxte le cimetière communal.
Conforme au plan type français: son portail ouvre sur l’allée centrale qui traverse le cimetière. De part et d’autre de celle-ci, organisées en quatre grands carrés, les tombes, uniquement différenciées par leurs emblèmes religieux, sont alignées en rangées. Elles encadrent le drapeau tricolore situé au centre.
La nécropole contient 3.307 corps de soldats : 3.296 soldats français de métropole et de l’empire colonial et un soldat russe décédés lors de la Première Guerre mondiale, ainsi que 10 soldats français décédés lors de la Seconde Guerre mondiale. 1.537 soldats y sont inhumés dans des sépultures individuelles et 1.770 soldats dans deux ossuaires situés au fond de la nécropole au niveau de l’allée centrale. Dominant les deux ossuaires, une grande stèle sobre en béton porte les numéros des régiments des combattants inhumés et l’inscription suivante « 1914 1918 Ici reposent 1743 militaires français morts pour la France ». Depuis l’érection de ce monument, vingt-sept soldats y ont été inhumés.
Une petite stèle a été érigée devant ce monument en mars 2007. Elle a été commanditée par le Souvenir Français dans le but de « créer un lieu de rassemblement des tirailleurs, là où des centaines sont tombés, honorer nos troupes d’Afrique et créer avec leurs descendants des cérémonies annuelles». Cette stèle portant l’inscription « 14-18 39-45 Mars 2007» représente la France et l’Afrique imbriquées, ainsi qu’un croissant de lune surmonté d’une étoile à 5 branches, emblème de l’Islam.
Les soldats inhumés dans la nécropole nationale française de Cuts sont majoritairement décédés lors des batailles de la traversée de l’Oise (septembre-octobre 1914) et lors des combats qui se sont déroulés dans le secteur de Cuts entre mai et septembre 1918, notamment durant la deuxième bataille de la Marne (juillet 1918).
La nécropole, localisée non loin de l’ambulance française de Cuts vers laquelle affluent de nombreux blessés le 17 septembre 1914, se caractérise par son grand nombre de stèles musulmanes (396). Entre le 16 et le 17 septembre, la 3e brigade du Maroc perdit sur cette commune et dans ses environs 1325 hommes dont 500 tués au combat; le 20 septembre 1914 à Cuts et dans les communes riveraines, des tirailleurs algériens et un régiment sénégalais sont décimés (J-Y. Bonnard). Elle compte aussi des sépultures de spahis et de zouaves ainsi que de soldats issus d’un bataillon des Tirailleurs Somalis. Ce bataillon, créé en mai 1916, regroupait des soldats provenant de Somalie, du Yémen, d’Abyssinie, du Sénégal et des Comores. Il a été envoyé au Mont de Choisy, situé sur le territoire de la commune de Cuts, en mai 1918, pour participer à la libération définitive du département de l’Oise. Les combats y ont été particulièrement intenses pendant six jours « au prix de pertes importantes sous le feu des bombardements par obus toxiques » (Jean-Yves Bonnard, « La Force Noire en action : Le Bataillon Somali dans l’Oise durant la Grande Guerre », Mémoire de l’Oise).
La nécropole nationale française de Cuts est créée officiellement par la France comme nécropole de regroupement en mars 1920 sur un terrain légèrement pentu. Elle est érigée en cimetière national en 1922. C’est le type même de cimetière de regroupement. Là sont réunies des corps exhumés des tombes isolées de Cuts, des cimetières provisoires de Carlepont, Caisnes, Chevillecourt, Nampcel, Lassigny, Autrèches, Plessis-de-Roye, Margny-aux-Cerises et Bailly, ainsi que du carré communal de Noyon.
Depuis 2014, la nécropole nationale française de Cuts est intégrée au « Parcours des Zouaves » mis en place par le Musée Territoire 14-18 sur les communes de Cuts, Moulin-sous-Touvent et Carlepont. Ce parcours vidéo-guidé, proposé en français et en anglais, présente aux visiteurs les traces témoignant de l’implication des soldats originaires des colonies dans le premier conflit mondial. Elle est l’objet de commémorations spécifiques liées à la visite de chefs d’Etat, africains particulièrement, venus rendre hommage à leurs disparus.