DORMANS

MA01 Mémorial français des batailles de la Marne

Elevé  à un point névralgique du front, à deux reprises, en 1914 et en 1918, le «Mémorial des batailles de la Marne», est l’un des quatre grands mémoriaux nationaux français du Front ouest, tout en s’en démarquant par son caractère à la fois militaire et religieux. De son esplanade et de la tour de la chapelle, il offre un panorama magnifique sur la vallée de la Marne.

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Situé sur une colline (117m) du méandre concave de la Marne, sa configuration rappelle celle du Sacré-Cœur de Montmartre. Culminant  à 52 m, sa chapelle mémorielle, d’inspiration romano-gothique, revêt un caractère à la fois militaire et religieux, lisible à travers ses éléments architecturaux : piliers, statues, vitraux. Cet ensemble puissant de style ogival aux lignes simples et pures traduit le recours à une technique de construction éprouvée.

L’organisation spatiale du site invite au pèlerinage. Inscrit dans un parc arboré, l’ensemble comprend un parvis, une crypte, une chapelle supérieure, un cloître, un ossuaire et une lanterne des morts. Chaque élément rend hommage aux combattants de toute nation. Deux rampes et un escalier monumental situé dans l’axe de la chapelle donnent accès au parvis en forme de demi-cercle. Là se trouvent une table d’orientation en lave émaillée indiquant les noms des villages du champ de bataille de 1918 et, non loin de celle-ci , un cadran solaire en marbre portant cette devise : «  Viventibus lumen solis; dormientibus lumen Dei » témoignant du culte porté aux combattants morts pour leur patrie et du caractère religieux du site. Latéralement, à l’est, s’élève la chapelle. Sa crypte  dégage une impression de force et de recueillement. Ses murs portent, inscrits en lettres couleur sang, le nom des soldats tombés au champ d’honneur traduisant la volonté des familles d’honorer la mémoire de leur mort. Ses voûtes et les piliers de la nef portent les noms des associations, régiments, écoles et institutions éprouvés par la guerre. La lumière, filtrée par un vitrail représentant Saint-Michel terrassant le dragon, renforce la solennité du lieu comme les statuaires de H. Lebebvre et de Michelet, et les œuvres en fer forgé de Subes. La chapelle supérieure, dite de la Reconnaissance, est dédiée aux combattants et à leurs chefs. Les sculptures, les vitraux du maître Lorin de Chartres et les mosaïques mêlent symboles religieux et militaires. Deux têtes de poilus, un vieux et un jeune, et un bas-relief de Michelet représentant deux anges déposant un soldat au pied de la croix décorent le tympan du porche d’entrée. Sur le vitrail de la grande verrière e du chœur, le Christ en gloire accueille un soldat présenté par Jeanne d’Arc et Saint-Michel. Les saints patrons des différentes armes figurent sur les vitraux des grandes baies tandis que les écussons des provinces de France ornent les parties latérales du chœur conférant au lieu son caractère national. La lanterne des morts évoque la  mort de masse et invite au recueillement. Deux inscriptions latines rappellent sa vocation: « La lumière luit dans les ténèbres » et « Que la lumière éternelle les éclaire ». Dans l’ossuaire reposent les restes de 1500 soldats tués pendant les deux batailles de la Marne, regroupés dans 130 cercueils. Seuls onze d’entre eux sont identifiés. Les croix figurant sur les verrières éclairant le caveau symbolisent les nécropoles alentours et les drapeaux déployés des 16 nations alliées rendent un hommage universel aux disparus et, par delà, aux 4000 soldats français et allemands inhumés dans la nécropole voisine.

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Le Maréchal Foch, détermine son emplacement, pour lui,  au « point synthétique des  deux batailles de la Marne ». Là se joua le sort de la France.  Véritable marqueur chronologique, ce mémorial est érigé en mémoire de toutes les victimes de ce conflit. Son érection est décidée dès 1919, Dormans et sa région sont considérés comme le centre du champ de bataille du front ouest où sont tombés 1.500.000 soldats. Pour y parvenir, la Duchesse d’Estissac, initiatrice du projet, crée un comité. Il comprend le cardinal Luçon, archevêque de Reims, le Maréchal Foch, Mgr. Joseph-Marie Tissier évêque de Châlons. Il reçoit le soutien des familles.

Le projet, œuvre des architectes Georges Alexandre Closson et Alexandre Marcel, devait répondre aux exigences du dogme cistercien, dicté par saint Bernard, qui préconise un mémorial empreint  de pureté et de simplicité. Le terrain est béni le 18 juillet 1919, la première pierre est posée le 18 juillet 1920. Commencé en 1921, le mémorial est achevé et consacré en 1931. Il  donne dans toute la France et jusqu’en Belgique des conférences. Le mémorial accueille pendant l’entre-deux-guerres des cérémonies nombreuses de grande envergure. Pour le financer, l’Evêque de la Marne, Monseigneur Tissier se fait pèlerin. La commune de Dormans est aujourd’hui propriétaire de l’édifice et l’association Mémorial de Dormans 1914-1918 anime le site. Le travail de mémoire s’étend à tous les conflits et est réalisé à destination du grand public et des plus jeunes générations à travers des activités  pédagogiques ciblées (visites, expositions,…). Des spectacles et des reconstitutions historiques s’y déroulent dans le parc arboré. Chaque premier dimanche de juillet a lieu une grande cérémonie internationale commémorant la seconde bataille de la Marne. Le 11 novembre de chaque année, une gerbe commémorative offerte par le Président de la République est déposée par un délégué de l’Elysée sur le site. Pèlerins et touristes s’y côtoient dans le plus grand respect du lieu.