GERBEVILLER

MM02 Carré français des victimes civiles de Gerbeviller

Le Carré des victimes civiles de Gerbéviller est situé à l’extrémité nord-ouest de la commune, au bord de de la D 914, au lieu-dit « de la Prêle ». Son environnement, essentiellement rural (champs ; et parc du château), fait partie de la vallée de la Mortagne, qui forme une complète unité paysagère.

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Le Carré des victimes civiles est composé de trois alignements de tombes monument et possède en son centre un monument obélisque en pierre, surmonté d’une croix, avec les inscriptions suivantes : « Aux habitants de Gerbéviller et de Tanconville victimes de la barbarie allemande le 24 août 1914 » et de la liste des victimes. L’ensemble est maçonné, couvert de gravier, de plots avec chaines ; une haie forme une enceinte.

Les 41 tombes des victimes sont surmontées chacune d’une croix en zinc ouvragé. Le Carré des victimes civiles est réalisé à l’initiative des autorités françaises (septembre-octobre 1914). Il reste propriété communale. Toutes les tombes sont identifiées.

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Lors des combats (dits la bataille) de la Trouée de Charmes qui opposent la IIe armée française à la VIe armée allemande, une soixantaine d’hommes du 2e bataillon de Chasseurs à pied et du 19e Dragons défendent le pont sur la Mortagne, au centre de Gerbéviller, causant des pertes sérieuses à l’avant-garde allemande. Lorsque les troupes allemandes entrent dans Gerbéviller (24 août), elles procèdent à deux exécutions collectives d’habitants et de prisonniers venus avec eux : l’une au lieu-dit la Prêle, l’autre au lieu-dit Haut d’Ormont. Gerbéviller est pillée et incendiée (24 -27 août). Suivent de nombreuses exactions – viols, meurtres de civils – : 445 bâtiments incendiés ou détruits, 60 morts civils sont dénombrés.

Après la reconnaissance des corps exhumés en septembre 1914, un rapport d’enquête est établi. Des photographies sont prises. Leur ensevelissement et les premières commémorations ont lieu très rapidement : messes, cérémonies et pèlerinages se tiennent dès l’automne 1914. L’anniversaire des massacres de Gerbéviller se perpétue en août 1915, suivi en octobre de la venue d’une délégation de journalistes et hommes de lettres, organisée par l’écrivain et homme politique Maurice Barrès, afin de rendre compte de l’ampleur des destructions. A partir de 1916, cet anniversaire est mis en exergue afin de raviver le sentiment patriotique civil et de rappeler l’invasion. En décembre 1917, des journalistes américains viennent à Gerbéviller. Gerbéviller reçoit la Croix de guerre (1921) et la croix de Chevalier de la Légion d’honneur (1930). Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’inscription « Aux habitants de Gerbéviller et de Tanconville victimes de la barbarie allemande le 24 août 1914 » est altérée en 1940 (inscription grattées).

Aujourd’hui des commémorations s’y déroulent régulièrement. Ce site illustre le traitement de la mort des civils et représente dans ce dossier, tous les sites, lieux de massacres similaires, notamment celui des habitants de Nomeny (55 morts), le 20 août, et de Fresnois-la-Montagne (102 maisons brûlées, 68 civils tués), le 23 août, Fresnois-la-Montagne (102 maisons brûlées, 68 civils tués).