L’ARGONNE

Secteur mémoriel de l’Argonne

Entre les départements des Ardennes, de la Marne et de la Meuse, le secteur mémoriel de l’Argonne s’ancre dans une région forestière éponyme. C’est un massif long de 40 km sur 14 à 20 km de large qui culmine à 300 mètres. Il est entamé de ravins profonds, des trouées transversales dominées par d’abrupts versants, seuls passages à travers un manteau forestier compact.

Composé de cinq éléments constitutifs disposant de zones tampons respectives, le secteur mémoriel est emblématique des combats en milieu forestier. Malgré la diversité des biens qui le composent, son unicité s’exprime au travers des évènements historiques qu’il relate, intrinsèquement liés à la nature du relief.

MA11 Nécropole nationale française de Saint-Thomas en Argonne et nécropole nationale française du monument ossuaire de la Gruerie

Situés, à 20km au nord de Sainte-Menehould, dans le département de la Marne, l’ossuaire de la Gruerie et la nécropole nationale française de Saint-Thomas-en-Argonne imlantés dans un écrin forestier, sont édifiés en 1923 pour l’un  et en 1924 pour l’autre.

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L’ossuaire s’étend sur 850 m². Là sont rassemblés près de 10 000 corps exhumés du bois de la Gruerie après la guerre. Seuls 92 ont pu être identifiés et non 96 comme le dit la plaque. Les noms des soldats connus figurent sur des plaques apposées dans la galerie des fosses; elles sont entourées des plaques-souvenirs déposées par les familles. Son monument imposant, œuvre du sculpteur Raoul Eugène Lamourdedieu (1877-1953), présente en son centre un mur en pierre de taille lisse le long duquel se dresse une victoire sculptée. Elle est enchâssée en haut-relief à l’intérieur d’une niche recouverte de palmes. Drapée à l’antique et droite comme une korè grecque, elle prend le visage d’une Marianne coiffée du bonnet phrygien. Ses ailes sont repliées dans le dos, une main présente la flamme du souvenir et un bras levé à l’horizontale indique la sépulture collective des morts. L’ossuaire fait face à la nécropole de Saint-Thomas-en-Argonne avec laquelle il forme une cité des morts (18.085). Dans l’axe de son allée centrale se dresse un mât où flotte le drapeau tricolore.

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La nécropole s’étend sur 23 820 m²,créée après le conflit, en 1924. Là reposent 8 173 soldats français dont 8 085 soldats français de la Première Guerre mondiale. Parmi eux, 3 324  reposent en 2 ossuaires de 1654 et 1666 corps relevés à Saint Thomas, Servon, Binarville, Vienne-le-Château, Saint-Thomas et La Harazée. Son plan rectangulaire est celui d’une nécropole classique de regroupement. Son entrée simple comporte deux piles en pierre ornées de la croix de guerre. Les sépultures se répartissent symétriquement de part et d’autre de l’allée centrale. Un seul monument orne le cimetière, le monument de la division des Loups (128e DI), une large stèle située au fond du cimetière, légèrement en contrebas, entre les deux ossuaires. Réalisé sous la forme d’une large stèle,  deux plaques rappellent la présence de la 128e division d’infanterie dans le secteur du 1er juillet au 26 septembre 1915, une tête de loup est sculptée sur la plaque supérieure. Ce surnom est donné par l’adversaire suite aux attaques incessantes menées par la 128e DI.

La forêt d’Argonne aux arbres séculaires et futaies souvent impénétrables constitue un obstacle pour les combattants. Les communiqués militaires reprennent fréquemment la toponymie des noms de  ses pavillons de chasse (Bagatelle, Beaumanoir…). Ces lieux sont âprement disputés de janvier à juillet 1915, le bois de la Gruerie et le village de Vienne-le-Château subissent d’importantes destructions. La division des Loups 128e DI., déplacée en Argonne, y subit de plein fouet l’attaque allemande du 13 juillet 1915 dans le bois de la Gruerie et prend part à l’offensive du 25 septembre 1915 dans le secteur de Saint-Thomas décimant 1500 combattants de cette division. Le dessinateur André Dunoyer de Segonzac participa à cet épisode. Dans le camp allemand, le futur maréchal allemand Erwin Rommel se voit décerner la croix de fer de 2e classe en janvier 1915 peu de temps après son arrivée en Argonne.

Dans l’ossuaire comme dans la nécropole, la majorité des combattants qui y reposent sont tombés au premier semestre 1915 et proviennent des cimetières provisoires de  Servon, Binarville, Vienne-le-Château, Saint-Thomas et La Harazée ou des tombes isolées et de corps retrouvés sur le terrain.

Quant à la symbolique de la sculpture de l’ossuaire, Raoul Eugène Lamourdedieu, l’explique lui-même : « L’idée qui m’a inspiré pour l’ossuaire de la Gruerie, c’est une allégorie du souvenir tenant la flamme et sortant du tombeau, même au milieu des lauriers de leur gloire, la main gauche au-dessus des yeux tournés vers l’avenir pour lequel ils sont tombés ».Le sous-lieutenant Maturin Méheut qui séjourne en première ligne au Bois de la Gruerie (août 1915 -mai 1916) peint des tableaux retraçant le quotidien des soldats dans les tranchées.

Chaque année le premier dimanche de  juillet, une messe suivie d’une cérémonie est célébrée près de l’ossuaire, une gerbe est déposée face au monument et à la nécropole. La participation des enfants des écoles, par la lecture en public de lettres de Poilus, a une portée significative, face au geste immuable de l’allégorie sculptée. Le 11 novembre 2011, François Hollande est le dernier homme politique à s’être rendu à l’ossuaire du Bois de la Gruerie dans le cadre du 93e anniversaire de l’Armistice de 1918.

MA12 Nécropole nationale française de La Harazée

Insérée dans la forêt de Vienne-le-château, au confluent de la Biesme et du ravin de l’Hayette,  au lieu dit La Harazée, la nécropole s’étend sur  une surface d’environ 5 530 m², 1 672 français soldats de la Grande Guerre y sont inhumés dont 442 en ossuaire. Elle compte une sépulture de la Seconde Guerre mondiale.

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Situé le long du versant dominant la Biesme, à l’écart des inondations, la nécropole escalade la pente au fur et à mesure des inhumations jusqu’à la lisière de la forêt où la plupart des soldats inhumés sont morts. Une série de gradins successifs, matérialisés par des murets personnalise son plan : un pentagone irrégulier dénotant sa création pendant la guerre. La verticalité des croix réparties symétriquement de part et d’autre de l’allée centrale semble se confondre avec celles des arbres pour se poursuivre dans la profondeur de la forêt, lieu du sacrifice ultime des combattants. L’ossuaire se trouve au fond du site, au sommet du cimetière. Les sépultures sont individuelles et marquées d’une croix blanche mais leur agencement lui confère une scénographie exceptionnelle pour une nécropole française. L’orientation des croix est face à la vallée au niveau du hameau, puis perpendiculaire à cette dernière pour la partie intermédiaire et à nouveau face à l’entrée pour la partie supérieure. Les vues anciennes montrent un muret séparant la partie inférieure et la partie intermédiaire, distinguant deux cimetières unifiés depuis. Les alignements de croix de la partie intermédiaire feraient face au chemin descendant du bois de la Gruerie et bordant le ravin de la fontaine aux charmes. Cette disposition semblerait correspondre à la descente des corps des secteurs de fontaine Madame et du pavillon Bagatelle. Quant à la partie inférieure, elle est desservie par le chemin provenant du ravin de Beaumanoir situé au nord-ouest de La Harazée où se trouvait l’ambulance.

La ligne de front traverse le bois de la Gruerie. Secteur très actif entre janvier et juillet 1915, il est le théâtre de combats rapprochés très meurtriers. Les combats y sont tels que les soldats surnomment le bois « Bois de la Tuerie ». Ce secteur du bois de Vienne-le Château et  de la Gruerie se caractérise par des ravins aux évocations romantiques et idylliques : fontaine Madame, fontaine aux charmes. L’un d’entre eux débouche dans la vallée dans le hameau de La Harazée, où se trouve une ambulance de campagne ou poste de premier secours d’où la présence du cimetière.

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Créé dès la fin 1914, le cimetière s’agrandit lors de la bataille de l’Argonne. La nécropole est aménagée en 1924 pour regrouper les corps exhumés des cimetières militaires provisoires du bois de la Gruerie et de La Harazée, de la Houpette soit 1828 identifiés et d’autre part du Four de Paris soit 251 identifiés. Après le regroupement, elle compte 2099 sépultures individuelles. Suite au rapatriement des corps par les familles (156), elle est réaménagée en 1935-1936 : les croix latines et stèles en bois musulmanes laissent place à celles en béton. Elle est restaurée en 1963 : emblèmes, enclos et  murets marquant les différents niveaux de la nécropole.

 Un dépôt de gerbe commémorant les combats de juillet 1915 a lieu  tous les ans. Une cérémonie du centenaire des combats de Bagatelle a eu lieu le 16 mai 2015. A cette occasion le drapeau du 150e RI a été sorti de l’Hôtel des Invalides. Gaston Broquet, sculpteur combattant, est confronté à la boue de l’Argonne pendant les combats. Ce matériau humide et argileux va influencer sa vision artistique, dont la terre (gaize) puissamment modelée marque son œuvre.

AR04 Cimetière militaire allemand d’Apremont

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Ce cimetière prend la forme d’un vaste espace enherbé et arboré de forme rectangulaire, implanté au sein du massif forestier, en bordure d’une petite route. Sa morphologie est complexe et comporte trois secteurs distincts. A l’entrée les sépultures forment un quadrilatère et se répartissent symétriquement de part et d’autre de l’allée centrale, il correspond à l’extension du cimetière au lendemain du conflit. Puis on distingue deux ensembles ovoïdes symétriques, très esthétiques, rappelant, par la disposition des sépultures, la nef d’une cathédrale, en tout point comparable au plan de la partie ancienne, datant de 1870, du cimetière allemand de Thiaucourt. Ces sections sont celles créées par l’armée allemande pendant la guerre. Cette scénographie s’intègre dans le mouvement des cimetières forestiers apparus fin 19e siècle et popularisés en Allemagne. La délimitation entre le cimetière et la forêt est imperceptible, seuls subsistent quelques vestiges de clôture sur les côtés nord et est du cimetière. Plusieurs stèles en pierre sont aujourd’hui positionnées sur le pourtour de la nécropole. Les croix noires des 1 111 tombes individuelles de soldats allemands sont dispersées sous les arbres. Le monument du 27e régiment de Landwher est implanté au centre du cimetière, qui comprend également la tombe et la stèle du baron Von Müllenheim-Rechberg, commandant du 5e bataillon de chasseurs et tué à la Haute-Chevauchée le 8 avril 1916.

Après la stabilisation du front en septembre 1914, le cimetière d’Apremont est situé en terrain allemand, au niveau des camps de 3e ligne. Le cimetière est situé sur le replat qui domine le secteur, à une dizaine de kilomètres de l’ancien front. Il est ouvert en forêt d’Argonne, à proximité des camps de 3e ligne, et notamment de celui du Borrieswald, par les troupes allemandes en novembre 1915 pour inhumer leurs morts. Après la guerre, en 1922 on y transfère les soldats allemands enterrés au début de la guerre au sein du cimetière communal d’Apremont d’où son agrandissement qui contraste par la disposition de ses stèles avec la partie originelle. Les soldats qui y reposent  appartiennent à des régiments originaires du Wurtemberg, de Saxe, de Bavière, du Brandebourg, de la Lorraine et de la Rhénanie. En 1926, le VDK entame d’importants travaux de réhabilitation en raison d’un premier accord avec les autorités française. Ceci se traduit  par le marquage permanent des tombes. En 1928, les plantations spécifiques  y sont effectuées : thuyas, buis, plantes à feuilles, chrysanthèmes et épicéas. On plante, en clôture, une haie de feuillus ardennais et en 1932 des hêtres pourpres et des chênes. Les photos les plus anciennes montrent des stèles en bois, certaines de formes variées et parfois étonnantes, d’autres plus uniformes.

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On note également la présence de stèles en pierre, dont une partie se trouve aujourd’hui sur les pourtours du cimetière. Parmi elles, la stèle d’un chasseur silésien, celle du major Von Müllenheim-Rechberg, fait partie des stèles anciennes sculptées pendant la guerre et conservées autour du cimetière. La présence dans ce cimetière de cet officier tombé à la Haute-Chevauchée dans la Meuse montre l’histoire et la valeur commune du secteur mémoriel de l’Argonne. Ce cimetière paisible, fréquenté par les familles et les connaisseurs, est l’objet de commémorations régulières. C’est un havre de paix propice à la méditation.

ME01 Monument ossuaire français de Haute-Chevauchée

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Elevé au milieu d’un alignement de cratères, en bordure de la route forestière de la Haute-Chevauchée, le monument ossuaire est  un obélisque tronqué élevé sur un tertre. En pierre de taille, il est orné d’une croix, sur laquelle s’appuie un buste de soldat casqué, les mains posées sur une épée. Adossé au pied du monument, le long de son piédestal, un autel dédié aux cérémonies religieuses ; quelques marches y donnent accès. Sur chaque face de la pyramide sont gravés les noms des régiments français, italiens et américains engagés dans les combats d’Argonne. Une face porte  les noms des régiments de soldats tchécoslovaques engagés au sein de l’armée autonome tchécoslovaque. Une inscription indique le nom des principaux secteurs de combat de cette partie de l’Argonne : Vienne-le-Château, la Gruerie, La Harazée, le Four de Paris, le Bois-Bolante, la Fille Morte, les cotes 285 et 263, les Ravins des Meurissons, des Courtes Chausses, de Cheppe, le secteur de la Haute-Chevauchée à Boureuilles.

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On accède à la crypte par une porte métallique. Quelques marches conduisent à l’ossuaire. Sur le fronton de l’entrée figure l’inscription « Monument élevé par souscription publique / sous le patronage du comité commémoratif d’Argonne / inauguré le 30 juillet 1922. ». Des plaques du souvenir en marbre sont dédiées à des disparus ou à des régiments. L’une d’elles est dédiée au capitaine Jean de Martimprey, disparu à la cote 285 le 13 juillet 1915, dont la veuve, la Comtesse de Martimprey, fut la fondatrice du Comité commémoratif d’Argonne et à l’initiative de la construction du monument. Un autel est adossé au mur du fond. Les 10 000 corps reposent dans des cavités semi-ouvertes. Edifié à la mémoire des « Morts de l’Argonne », conçu par l’architecte A.Bolloré, il est l’œuvre du sculpteur Becker. A proximité, se trouvent une plaque à la mémoire du Général Gouraud qui, ayant combattu avec ses hommes dans le secteur, s’est investi dans l’érection du monument et de la croix de la réconciliation.

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La Haute-Chevauchée est l’ancienne voie romaine qui suit du nord au sud l’arête centrale du plateau argonnais. Plusieurs dizaines de milliers de soldats français, allemands, italiens, tchécoslovaques, américains ont été tués au cours de ces combats de l’Argonne, notamment lors de l’offensive allemande du 13 juillet 1915, mais également au cours de la guerre des mines de l’été 1915 au début de l’année 1917, puis à l’automne 1918.

La première pierre de ce monument témoin de ces morts, est  posée le 24 juillet 1921 par le Général Duport, commandant le 6ème Corps d’Armée. Son érection fait l’objet d’un appel à la souscription publique. Il a bénéficié aussi de financements italien et américain. Certaines plaques comportent la photographie du soldat. Il est inauguré en 1921 et l’ossuaire le 30 juillet 1922 en présence du Raymond Poincaré, alors président du Conseil. Depuis sa création, le bien n’a connu aucune modification majeure, seuls ses abords ont évolué avec l’installation de bancs au pied du monument et un aménagement paysager progressif. A l’origine, des prie-Dieu, disparus aujourd’hui, avaient été installés pour pouvoir se recueillir dans la crypte faisant office de chapelle. Depuis 2011, des parois en plexiglas ont été installées pour empêcher l’accès aux ossements, et un système d’illumination pour  visualiser l’intérieur de la crypte de façon tamisée.

Plusieurs associations tel le Souvenir Français, en lien avec la Communauté de communes Centre Argonne, œuvrent à valoriser ce bien et le territoire: organisation de visites pédagogiques en partenariat  avec l’éducation nationale. Tous les deux ans, le dernier dimanche de juin, le monument est le lieu d’une grande cérémonie patriotique et religieuse qui vise à commémorer les principaux combats d’Argonne.

ME02 Nécropole nationale française de la Forestière

Clairière dans la forêt domaniale de Lachalade, à 2,5 km au sud du monument-ossuaire de la Haute-Chevauchée.la nécropole engazonnée s’étend sur 10.240 m2, 2005 corps y reposent. Son plan est un quadrilatère irrégulier à l’entrée décalée sur la gauche comme son allée principale le long de la quelle se répartissent  les sépultures individuelles.

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Cet ordonnancement particulier rappelle qu’il s’agit d’un site funéraire originel comme son extension dissymétrique. La première partie est liée à sa fonction de cimetière d’hôpital d’où l’absence d’ossuaire. Tous les morts en ce lieu sont identifiés. Son portail classique est supporté par deux piles  sur lesquelles figurent en décor polychrome une épée entourée de lauriers. Les stèles indiquent la diversité religieuse des soldats qui y sont inhumés : croix latines, stèles musulmanes (4) ou juives (3) ) Un hortensia fleurit chaque sépulture, leur couleur bleu, blanc ou rouge forme au sol un drapeau tricolore et confère au lieu une atmosphère particulière que l’on retrouve partiellement au magnifique cimetière franco-allemand de Guebwiller. Des arbustes entourent la nécropole implantée dans son écrin forestier. En arrière du drapeau, dans l’allée principale, le monument reconstruit à l’identique du monument originel, en pierre de Savonnières, porte une croix latine sculptée en bas-relief.

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Le 13 juillet 1915, les Allemands lancent une attaque suivant l’axe du chemin pour atteindre Clermont-en-Argonne et couper la voie ferrée de Sainte-Menehould à Verdun. La ligne de front coupe la crête : de chaque côté, on aménage le terrain. Le front retrouve un calme relatif en 1917, après une année de guerre des mines qui a ravagé la forêt. Du 26 septembre au 11 novembre 1918, les combats reprennent. Plus de 50.000 soldats français, italiens, tchécoslovaques, américains, allemands… trouvent la mort dans ce secteur.

Ouvert dès 1914, ce cimetière de front doit son nom à la maison forestière située en face, qui servit d’hôpital pour les blessés  de la Haute Chevauchée et souvent de Vauquois. Les soldats enterrés dans ce cimetière sont  pour la plupart ceux qui y décèdent. Après la guerre, on y rassembla les corps des soldats enterrés dans les tombes isolées et les cimetières provisoires  de la forêt de Lachalade, de la Forestière, du ravin des sapins, du ravin des Chênes et, de la maison forestière du Four des Moines, utilisée aussi comme hôpital. Aménagé après le conflit,  à l’initiative de la Comtesse de Martimprey, veuve du Capitaine Martimprey porté disparu le 13 juillet 1915 à la cote 285, le cimetière est maintenu en 1924. Originaire de Bretagne, et bien que son époux n’y soit pas enterré, la Comtesse y fait planter des hortensias sur chaque tombe et à l’entrée de la nécropole, donnant une teinte bleu-blanc-rouge à l’ensemble et une atmosphère particulière à ce cimetière-jardin. Conformément à son vœu, cette tradition se perpétue et confère à ce site funéraire son caractère exceptionnel. Réhabilitée en 1958, le monument central, originellement un obélisque de pierre décoré d’une branche de laurier, surmonté d’une croix latine, a été remplacé par une stèle rectangulaire. Puis, suite à la tempête de décembre 1999, le monument est reconstruit en 2001. Les hortensias l’objet de soins  particuliers ont été replantés en 2009.

De par son aménagement paysager unique, ce bien accueille de nombreux visiteurs. Dans le cadre des commémorations des combats d’Argonne, la nécropole française de la Forestière est le théâtre de cérémonies, en lien avec celles se déroulant au monument ossuaire de la Haute-Chevauchée. Elle est aussi le support des commémorations franco-italiennes puisque dix Garibaldiens y sont inhumés.