SE11 Cimetière militaire du Commonwealth « Louvencourt Military Cemetery »
Le Louvencourt Military Cemetery est adossé au village éponyme. Il s’ouvre sur un paysage d’openfield voué à la culture céréalière. C’est l’un des trois premiers cimetières érigés par l’Imperial War Graves Commission. Le Louvencourt Military Cemetery est mixte. De forme trapézoïdale, il abrite les stèles de 227 combattants de la Première Guerre mondiale : 151 du Commonwealth et 76 Français. Son esthétique se caractérise par un mur d’enceinte exclusivement construit en pierre de Portland ainsi que par un vaste escalier menant à la route départementale. Il est également doté de stèles françaises en pierre sculptée, extrêmement rares, qui ne répondent pas à la standardisation de celles élevées dans les nécropoles nationales. Les stèles de Louvencourt se distinguent par leur forme de type rectangulaire et par le casque Adrian sculpté (utilisé à partir de 1915 dans l’armée française). Le cimetière, véritable prototype, a considérablement influencé l’architecture et les règles de construction des futurs cimetières militaires du Commonwealth. Cet ensemble est unique, authentique et intègre.
Le village de Louvencourt est situé à l’arrière-front et abrite des troupes et des unités des Services de santé français et britannique. Jusqu’en juillet 1915, l’armée française y aménage un cimetière de campagne pour inhumer ses combattants. Relevée ensuite par l’armée britannique, cette dernière y enterre aussi ses combattants, notamment en 1916 pendant la bataille de la Somme (1er juillet – 18 novembre 1916). C’est en juillet et août qu’il y a le plus d’inhumations dans le cimetière. En 1917, le front s’éloigne vers l’est, le site de Louvencourt est moins utilisé, avec le repli stratégique des troupes allemandes derrière la ligne Hindenburg. En 1918, le front s’en rapproche de nouveau. Après la guerre, des tombes situées dans le cimetière de Vauchelle-lès-Authie sont intégrées au cimetière militaire de Louvencourt, ainsi que quelques sépultures de combattants morts en 1918 (rangs D et E).
Avant même la fin du conflit, les trois architectes E. Lutyens, R. Blomfield et H. Baker, sont chargés de concevoir l’architecture et les canons esthétiques des cimetières militaires permanents du Commonwealth. Ceux-ci doivent se trouver au plus près des combats. Il n’y a pas de standardisation : s’il y a des règles architecturales communes, chaque cimetière doit avoir son identité propre. En 1920, le cimetière-prototype de Louvencourt est érigé par R. Blomfield ainsi que ceux de Forceville (80) et du Tréport (76), pour servir de modèle à l’ensemble des cimetières du Commonwealth. Ils traduisent la première réflexion esthétique funéraire du Commonwealth et constituent le premier essai architectural pour porter hommage de manière pérenne aux combattants. Leur édification permet aussi à la Commission d’évaluer le coût d’édification au regard du nombre de combattants inhumés et des différents partis pris architecturaux. On retrouve ce type de stèles dans les cimetières d’hôpitaux de la guerre 14-18 de la région parisienne comme à Argenteuil et à Saint-Maur-Les Fossés.
Le Louvencourt Military Cemetery abrite la sépulture du poète et lieutenant Roland Leighton, fiancé à l’écrivaine Vera Brittain, qui lui rend hommage dans son ouvrage Testament of youth, paru en 1933. La tombe de Roland Leighton est régulièrement fleuri. Et bien d’autres sépultures illustrent la diversité des statuts des défunts : celle du capitaine Arthur Gilbert Rollaston (1/7th Worcesters), premier officier mort dans la Somme le 30 juillet 1915 ; celle du brigadier-général Charles Bertie Prowse mort le 1er juillet 1916, celle du soldat Harry MacDonald (12/W Yorks) fusillé le 4 novembre 1916 pour désertion, celle du soldat Frederick M. Barratt (7/KRRC) fusillé le 10 juillet 1917 pour désertion. Les tombes des soldats français proviennent d’une unité médicale installée en 1915.