MS05 Nécropole nationale française de Chambière
Située dans la première grande ville allemande derrière le front, cette nécropole d’hôpital est la plus ancienne et la plus grande du front et l’une des plus internationales. Arborée, elle s’étend sur 30.532 m2. Dès son entrée, elle impressionne par son ordonnancement, son esthétisme, ses richesses culturelles : chapelle baroque, stèles plurielles… 10.967 victimes de trois conflits y reposent : 7817 Français de la guerre de 1870 dont 7636 en ossuaires ; de la Première Guerre mondiale, 479 Français dont 22 en ossuaire, 15 Belges, 79 Britanniques, 1 Canadien, 89 Italiens, 1280 Russes, 1 soldat portugais, 2035 Allemands, des Autrichiens, des Magyars, des Hongrois, des Roumains, des Alsaciens-Lorrains, des Indochinois et des coloniaux issus d’Afrique et des Caraïbes… ; des morts de la guerre 1939 – 1945. Elle comporte trois sections : l’une dédiée aux sépultures de 1870 ; une autre à la guerre 1914-1918, une dernière à la guerre 1939-1945.
Sa scénographie pour la section 14-18 est constituée d’une mosaïque de carrés militaires nationaux imbriqués. Le carré allemand et ses croix de pierre, ses stèles originelles, se situe au nord, une croix le domine. Les carrés français aux stèles de 1919 sont dispersés. Le carré britannique se situe entre le carré belge et celui des victimes du camp de Woippy (39-45) et, à sa proximité, s’élève une stèle canadienne. Parmi les stèles anglaises réglementaires, se dressent deux mémoriaux spéciaux, dédiés aux britanniques et à un aviateur, un cube de pierre évoque leur mémoire. Le carré belge militaire et civil, au sud-est du monument des officiers de 1870, est mélangé à des tombes françaises ; le carré italien se situant au nord-ouest de ce dernier. Le carré russe, est le plus « grand cimetière de prisonniers russes » du front.
Cette nécropole consacre la tombe individuelle pour le simple soldat, confirme le respect de cette tradition lors des conflits suivants. On y dénombre plus de soixante stèles de type différent de 1870 à nos jours dont une cinquantaine de stèles spécifiques par leur forme, leur matériau, pour le premier conflit mondial : stèles standardisées par nationalité selon les croyances (stèles musulmanes, juives, de libre-penseur), stèles allemandes, françaises, russes, belges, portugaises, indochinoises, de la CWGC, déclinées dans toutes leurs variantes, mais aussi des stèles différenciées, 37 pour le seul carré allemand, autant d’œuvres d’art. Ce particularisme est ici, exceptionnellement partagé par les carrés français. On note trois monuments commémoratifs 14-18 : la croix allemande, le monument italien et le monument aux Morts de la guerre 1914-1918 de la ville de Metz, et, à sa proximité une fontaine et deux bancs de repos allemands.
Cimetière militaire depuis le 16e siècle, remanié, il sert au nouvel hôpital militaire par décision ministérielle (8 fructidor an IX/été 1803. Cimetière de la guerre de 1870, de garnison de 1870 à 1914, en août 1914, l’autorité allemande lui redonne sa fonction militaire. Les morts de 1914-1918 y sont connus à 99%, caractéristique des cimetières d’hôpitaux. Il fonctionne d’août 1914 à 1919, car les blessés sont soignés dans les 36 hôpitaux de la ville et de sa périphérie. Les Français sont des prisonniers, des blessés ramassés sur les champs de bataille de Morhange, de Verdun, de Saint-Mihiel, de Bois – le – Prêtre…. Les plaques et listes traduisent 3 grandes périodes d’inhumation : août-décembre 1914 (Bataille de Morhange), mars – juillet 1915 (combats de l’Argonne..) et octobre 1918 – mars 1919, époque des dernières offensives et séquelles de la guerre ; les derniers inhumés le sont en décembre 1919. Il en est de même des Italiens. Les prisonniers russes décèdent pour 75% d’entre eux, dans les hôpitaux de Montigny, surtout, durant les hivers 1915-1916 et 1916-1917. Les autres corps proviennent du regroupement des cimetières mosellans de Hagondange, Creutzwald, Freyming, Vanerville, Louvigny.
Réaménagé en 1924, lors du regroupement, des sépultures du carré allemand sont transférées au cimetière de Fey mais les stèles exceptionnelles sont conservées. Après la Seconde Guerre mondiale, les carrés allemands sont remaniés à nouveau pour inhumer les prisonniers soviétiques (camps de Forbach et Woippy). La Grande Croix ou Hoch Cruz est déplacée. En 1969, on y regroupe les corps des français de 39-45 exhumés en Moselle puis on procède à sa réfection totale. Le particularisme de la nécropole est d’avoir, malgré la loi de standardisation et l’arrêté du 14 septembre 1934, gardé ses stèles particulières et spécifiques. Ses carrés militaires pluriels en font un musée « vivant » des stèles et emblèmes funéraires nationaux et internationaux des guerres de 1870 à nos jours, et particulièrement de la guerre 14-18, et ce, pour toutes les nationalités touchées par le conflit.
La ville de Metz, ses habitants, les consulats de tous les pays s’efforcent d’honorer la mémoire des disparus par des commémorations régulières plurielles, plurinationales et par des commémorations propres à chacune d’entre elles.