Secteur mémoriel de Neuville-Saint-Vaast
Neuville-Saint-Vaast se situe au nord de la ville d’Arras, au cœur de l’Artois. Le secteur mémoriel comprend trois éléments constitutifs : le premier est constitué de la nécropole nationale française de La Targette et du cimetière britannique du Commonwealth La Targette British Cemetery situés l’une et l’autre au centre de la commune, le deuxième est dans la cimetière militaire tchécoslovaque de Neuville-Saint-Vaast, plus excentré au nord de la commune sur la départementale menant à Béthune, et le troisième, le cimetière militaire allemand de Maison Blanche se localise plus au sud sur la route reliant Neuville-Saint-Vaast à Arras.
Les cimetières français et anglais de La Targette, le cimetière allemand de Maison Blanche et le cimetière tchécoslovaque apportent en effet un éclairage très riche sur les rites funéraires en liés à la Grande Guerre. Neuville-Saint-Vaast se situe au nord de la ville d’Arras, au cœur de l’Artois. Le secteur mémoriel comprend trois éléments constitutifs : le premier est constitué de la nécropole nationale française de La Targette et du cimetière britannique du Commonwealth La Targette British Cemetery situés l’une et l’autre au centre de la commune, le deuxième est dans la cimetière militaire tchécoslovaque de Neuville-Saint-Vaast, plus excentré au nord de la commune sur la départementale menant à Béthune, et le troisième, le cimetière militaire allemand de Maison Blanche se localise plus au sud sur la route reliant Neuville-Saint-Vaast à Arras.
Les cimetières français et anglais de La Targette, le cimetière allemand de Maison Blanche et le cimetière tchécoslovaque apportent en effet un éclairage très riche sur les rites funéraires en liés à la Grande Guerre.
PC07 Nécropole nationale française de la Targette & cimetière militaire du Commonwealth « La Targette British Cemetery »
Implantés tous les deux, à l’entrée du hameau de La Targette, ils ont été aménagés sur une légère pente. De la route, l’alignement strict des croix du cimetière français contraste avec la volonté paysagère et architecturale du « jardin à l’anglaise » affichée par les Britanniques.
La nécropole nationale française surprend par son immensité, son plan géométrique et la symétrie stricte de ses croix. Elle témoigne de la volonté de l’Etat à donner à chaque combattant une sépulture individuelle.
On y retrouve près de 12 010 sépultures de combattants des deux guerres mondiales (11 443 de la Première Guerre, morts au cours des deux batailles de l’Artois de 1915), dont 3 382 soldats non identifiés rassemblés dans deux ossuaires. S’y ajoutent 169 soldats belges tués lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ses limites sont soulignées par un alignement de tilleuls le long de la départementale où se situe l’entrée du cimetière d’où l’on découvre l’ensemble impressionnant des milliers de croix latines blanches (8169). Une fois à l’intérieur de la nécropole, sur le haut de la pente derrière les arbres, on distingue des perspectives monumentales paysagères sur le Mont-Saint-Éloi et la nécropole française de Notre-Dame de Lorette.
On y accède par deux accès dotés, au sud, d’un portail séparé par deux colonnes carrées sur lesquelles sont représentées sur chacune d’entre elles une croix dorée agrémentée d’éléments floraux. Sur celles-ci sont gravées « La Targette » et « 1914-1918, 1939-1945 ». L’autre entrée, située à l’ouest de l’élément constitutif, se fait par le parking du cimetière. Au cœur du cimetière, on trouve un mât sur lequel flotte le drapeau français. Le sol est entièrement gazonné. Au fond de la nécropole, dans l’axe de l’allée principale, les trois ossuaires dont deux de 14-18 où reposent 3882 corps retrouvés sur le champ de bataille. Outre les 1.443 Français de 14-18 inhumés en ce lieu, y sont enterrés 593 Français, 4 Polonais et 170 Belges de 39-45 dont 169 en ossuaire.
De l’autre côté, le cimetière anglais fait contraste par son architecture et sa végétation harmonieuse régulièrement entretenue. La Croix du Sacrifice se situe près de la route. Les tombes elles, se trouvent à un niveau inférieur. On accède au site par deux entrées symétriques situées de part et d’autre de la Croix du Sacrifice. Elles sont dotées d’un petit portail. Deux escaliers aménagés en contrebas de la Croix du Sacrifice conduisent au cimetière proprement dit. Des fleurs d’espèces différentes tapissent les pieds des stèles. Un petit muret entoure le cimetière britannique. Il comprend deux grands élégants mausolées de style indien. Là reposent 638 corps de la Première Guerre mondiale et trois de la Seconde.
Neuville-Saint-Vaast est au cœur des combats que connaît le secteur en 1915 puis en 1917, coûtant la vie à des milliers d’hommes. Officiellement créée en 1919, la nécropole est achevée en 1923. Puis elle est agrandie en 1935 pour le regroupement des corps exhumés des petits cimetières militaires et de sépultures isolées du front de l’Artois. En 1956, on y regroupe des corps de la Seconde Guerre mondiale exhumés dans le Pas-de-Calais (militaires et résistants). On procède à sa réfection en 1989-1990.
La Targette British Cemetery fonctionne de la fin du mois d’avril 1917 à septembre 1918. Il est utilisé par les ambulances de campagne et les unités combattantes. Il recueille après l’armistice seize tombes supplémentaires. Un tiers des soldats inhumés ont appartenu aux forces d’artillerie qui ont participé à l’assaut du 9 avril 1917 à Vimy ou qui en ont, par la suite, assuré la défense. La nécropole britannique a été dessinée par l’un des trois principaux architectes de l’Imperial War Graves Commission, Sir Reginald Blomfield (1856-1942).
PC08 Cimetière militaire allemand de la Maison Blanche
En bordure de route entre Arras et Béthune, se trouve, au hameau de la Maison Blanche, face à une ferme isolée le cimetière allemand du même nom. Entouré de quatre rangées d’arbres, il offre cependant, de l’intérieur des perspectives monumentales étroitement liées à la Grande Guerre sur les tours du Mont-Saint-Éloi, les cimetières de La Targette et le clocher de Neuville-Saint-Vaast, datant de la Reconstruction. Il s’agit du plus vaste cimetière allemand de France où reposent 44 833 soldats tués de 1914 à 1918.
Pour pénétrer au cœur de cette nécropole, le visiteur doit franchir quelques marches avant d’emprunter une « porte étroite percée dans un mur de brique » rouge [i] (la krypta) ornée d’une croix noire où sont inscrits ces mots: « Den Menschen, die guten Willens sind » (« Aux personnes de bonne volonté »). Une fois la porte étroite et sa grille en fer forgé franchie, on se retrouve sous une halle, une table de pierre y représente le front durant la Grande Guerre. Dans une niche à la disposition, des visiteurs, sont placés un livre avec les noms des soldats inhumés en ce lieu et un livre d’or.
Les sépultures se répartissent en 29 sections sous un couvert végétal dense et varié de sapins, hêtres, acacias, pins noirs, platanes, érables, cèdres bleus plantés au hasard. Les arbres l’ombragent. De là s’étend un impressionnant champ de croix noires portant chacune les noms de quatre soldats. La faible superficie de la parcelle et le nombre interminable de croix ont imposé un plan tiré au cordeau et une stricte régularité des rangées. 131 stèles en pierre indiquent les soldats de confession juive. Sur ces stèles, deux phrases sont inscrites en hébreu : « Ici repose un homme/Puisse son âme se faire l’écho dans le cercle des vivants. Les tombes des soldats restés inconnus portent quant à elles l’inscription : « Unbekannte deutsche Krieger ». Au centre, une grande croix noire, symbole du sacrifice et de l’espérance domine le cimetière. A proximité se dresse le monument dédié au 164e régiment d’infanterie d’Hanovre. Les pierres carrées des Kameradengräber portent jusqu’à vingt noms. Le cimetière comprend également un ossuaire aux imposantes stèles de granit où reposent à jamais 8040 soldats. Les restes d’un abri émergent du sol, rappelant son implantation sur un site de guerre.
Ce cimetière est ouvert officiellement en 1919 au lieudit « Le Croupil » par les autorités militaires françaises comme cimetière de regroupement pour les morts allemands de la partie du front d’Artois située au nord et à l’est d’Arras. Il représente le plus grand aménagement allemand de la Première Guerre mondiale sur le sol français. La nécropole allemande de Saint-Laurent-Blangy [1] abrite les restes de soldats allemands tombés au sud d’Arras.
Les corps des soldats allemands qui y reposent proviennent de plus de 110 communes du Pas-de-Calais et étaient inhumés à l’origine dans des tombes isolées ou dans des petits cimetières militaires provisoires. Les restes d’un grand nombre d’entre eux ont été retrouvés au cours des années en déblayant et en rendant les champs de bataille à la culture. Tous ces soldats sont morts au cours des combats en Artois et sur les hauteurs de Lorette d’août 1914 à fin 1915, autour de la colline de Vimy à Pâques 1917 et à l’automne 1918, ainsi que durant la guerre des tranchées.
En 1926, la France autorise le VDK à intervenir sur son territoire, mais sous le contrôle de son administration. Le VDK fait alors appel à un architecte de Munich, Robert Tischler. Il aménage la nécropole de la Maison Blanche, jusque-là un simple champ non clos, en respectant les mouvements de terrain et en laissant une grande place aux arbres. En 1974, un travail d’aménagement paysager a été mené, avec notamment la plantation d’arbres et d’arbustes. Entre 1975 et 1983, l’association a complètement réaménagé la nécropole de Neuville-Saint-Vaast. Des croix de fonte remplacent les croix de bois.
Les touristes étrangers et les scolaires assurent aujourd’hui l’essentiel de la fréquentation. Les Allemands y sont peu présents. Ce cimetière ne fait pas vraiment l’objet de cérémonies officielles. Les visiteurs font généralement une halte entre le mémorial de Vimy et la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette.
PC09 Cimetière militaire tchécoslovaque de Neuville-Saint-Vaast
Le cimetière tchécoslovaque se situe sur la départementale 937, entre Arras et Béthune, au nord de Neuville-Saint-Vaast. Des perspectives paysagères se détachent de chaque côté vers les tours du Mont-Saint-Eloi, Notre-Dame-de-Lorette, le mémorial de Vimy, le mémorial aux volontaires polonais et l’église de Neuville-Saint-Vaast.
Sur la route, sa partie centrale est ouverte, des bornes blanches en béton font la limite avec la départementale. Au centre, se trouve un monument inauguré en 1925. Dans le fond, a été aménagé le mémorial-préau construit ultérieurement dans les années 1960.
Les tombes sont marquées, comme les françaises, de croix latine en béton armé, à l’exception de quelques stèles. Une allée centrale, partant de l’arrière du monument des années 1920, les sépare en deux carrés de sept rangées. Au milieu de l’allée, vers le fond, se trouve une croix en pierre blanche, réplique de la croix de Bohême de Crécy-en-Ponthieu : elle porte un sceau en bronze destiné à rappeler le sacrifice de Jean de Luxembourg, roi de Bohême, pour la France au 14e siècle. Le reste du site est gazonné.
Le monument des années 1920 est posé sur un piédestal de trois marches. Il se compose d’une base sur laquelle est gravée l’inscription en français et en tchèque : « ILS ONT CHOISI DE MOURIR POUR LA LIBERTE ». Le monument se présente comme une imbrication de formes triangulaires dont l’une plus imposante au centre est sculptée. Elle représente un soldat assis tenant sur ses genoux un autre combattant mourant la main sur le cœur. A leurs pieds sont posés deux hampes de drapeaux croisées. Il s’agit en fait d’une réinterprétation contemporaine de la Pietà avec la figure de la Vierge et du Christ sur ses genoux. Sur le côté droit, sous trois triangles imbriqués, une inscription est gravée : « ICI LE 9 MAI 1915 LES VOLONTAIRES TCHÉCOSLOVAQVES ONT COMBATTV POVR LEVR PATRIE ET POVR LA FRANCE ». De l’autre côté prend place une inscription en tchèque donnant les noms de 16 soldats tombés le 9 mai 1915. A l’arrière du monument se trouvent les noms de 113 soldats morts au-dessous d’une inscription en tchèque : « Ceux qui sont tombés, ont sacrifié leur sang pour la liberté de la France et de la Tchécoslovaquie ».
Situé au fond du cimetière, le monument des années 1960 se présente comme un abri ouvert par un portique de quatre piliers, précédé de quelques marches et couvert d’une terrasse. Le fronton représente un relief sculpté symbolisant le lion de Bohême. De part et d’autre, se trouvent les dates : « 1914-1918 » à gauche et « 1939-1945 » à droite, et une inscription en tchèque à gauche, en français à droite : « AUX VOLONTAIRES TCHÉCOSLOVAQUES TOMBÉS EN FRANCE ».
Le portique lui-même est en granit rose poli, comme l’emmarchement. Les murs sont en maçonnerie de brique enduits de ciment non peint et renforcés par une ossature en béton armé de poteaux en face arrière. La terrasse de couverture est en béton armé. Sous ce portique, ont été placées cinq plaques en marbre gravées d’inscriptions en lettres dorées. Ce cimetière est remarquable par la qualité de l’aménagement paysager et notamment la présence de fleurs et d’arbres d’espèces diverses.
Il s’agit du seul cimetière tchécoslovaque en France. Le 22 août 1914, les membres de deux associations tchèques, le Sokol de Paris et Rovnost [Égalité] se réunissent à Paris pour proposer leur aide aux autorités françaises : celle-ci se traduit par l’engagement dans la Légion étrangère française de quelques centaines de volontaires tchèques pour la durée des hostilités. La guerre constitue en effet, pour ces immigrés ressortissants austro-hongrois, comme un catalyseur leur permettant de définir une identité collective, d’abord tchèque puis tchécoslovaque.
Au printemps 1915, ils montent en première ligne : le 9 mai, à La Targette, en Artois, lors de ce premier engagement, ils perdent près de 80 % de tués, 39 hommes restant indemnes. Le porte-drapeau de Na Zdar, le soldat Karel Bezdicek, est tombé dans une tranchée allemande, frappé d’une balle, le corps enveloppé du drapeau tchèque au Lion de Bohême. Il symbolise ainsi la mort des soldats tchèques libres.
Perçue comme un événement national fondateur, la bataille du 9 mai 1915 est célébrée dès son premier anniversaire et donne lieu à partir de 1920 à un dépôt de gerbe à l’Arc de triomphe, puis à une cérémonie à La Targette après 1925. C’est en effet cette année-là, pour le dixième anniversaire, qu’un monument à la Compagnie Nazdar y est érigé de 1920 à 1925, date à laquelle il est inauguré en présence de l’ambassadeur Osuský. La sculpture est l’œuvre du sculpteur tchèque Joseph Hruška : elle a été financée principalement par souscription publique. Naît, ultérieurement, l’idée de rassembler à proximité les dépouilles des soldats tchécoslovaques, alors dispersées. Suite à un recensement réalisé par le consulat de Lille, un premier projet est élaboré en 1936 par l’architecte français Bourdarie, ancien président des anciens combattants de Neuville-Saint-Vaast. Avec l’aide des anciens combattants du Pas-de-Calais et de Neuville, une parcelle autour du monument est offerte en 1938, sur laquelle sont plantés des tilleuls venus de Tchécoslovaquie. Arrêté par la Seconde Guerre mondiale, le projet ne peut reprendre qu’en 1958 : les corps de 206 soldats sont rapatriés de soixante-treize cimetières, répartis dans trente-huit départements. L’inauguration officielle a lieu le 19 mai 1963. Pour le 50e anniversaire de la République tchécoslovaque, il est décidé d’y ajouter un mémorial dédié à l’ensemble des victimes des deux guerres, confié à l’architecte Bernard Heger et au sculpteur Marta Sumova. La première pierre en est posée en 1967 ; il est inauguré le 19 mai 1968, en présence du général Flipo, président d’honneur des volontaires tchécoslovaques en France et du représentant le général Koenig. Chaque année, une cérémonie annuelle se tient sur le site, aux environs du 8 mai en présence des représentants de la République tchèque et du Ministère des Anciens Combattants.
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