PC10 Nécropole nationale française de Notre-Dame-de-Lorette
La nécropole nationale française de Notre-Dame-de-Lorette se situe sur la colline de Lorette culminant à 165 m.
Notre-Dame-de-Lorette demeure la plus grande nécropole militaire française : 40 057 corps y reposent, dont 39.985 Français, 64 Russes, 1 Belge et 1 Roumain pour la guerre 14-18 et 6 Français de la guerre 39-45. Elle revêt de ce fait un caractère international. 20.053 soldats de la Grande Guerre y sont inhumés en tombes individuelles, tous les types standardisés de stèles françaises y sont représentés. Parmi ces sépultures 19.987 sont françaises et 66 étrangères. Dans les 7 ossuaires et dans la crypte sont inhumés 19.998 Français.
Son plan est directement inspiré du campo santo, modèle de cimetières très répandu au 13e siècle notamment en Italie. La scénographie des lieux s’organise à partir d’un point central formé par la chapelle et la lanterne des morts. La nécropole représente un rectangle de 645 m sur 200 m soit une surface de plus de 13 hectares. Elle est ceinturée de chaque côté par une haie derrière laquelle ont été plantées des arbres. Deux allées perpendiculaires scindent le terrain en 4 sections où les tombes sont alignées par rangées successives. Les tombes des soldats de confession juive et musulmane sont regroupées dans la partie sud-ouest du cimetière. Les croix et les stèles conçues en bois sont remplacées dans les années 1930 par du béton.
Sa place d’armes, permet d’effectuer de grands rassemblements. En entrant, on découvre la tombe du général Barbot, commandant de la 77e DI tombé en mai 1915, la tour lanterne de 52 m et la basilique de 46 m de long et de 14 m de large de style romano-byzantin : cette dernière est ornée de fresques religieuses et des vitraux qui rappellent les événements de la Grande Guerre et l’histoire religieuse et politique de la France. Les murs sont revêtus de plaques à la mémoire des soldats. La tour lanterne renferme dans sa crypte les corps de 32 soldats inconnus des deux guerres mondiales, des guerres d’Indochine et d’Algérie, et les cendres de déportés disparus dans les camps nazis. Au sommet, une lanterne tourne à raison de cinq tours par minute, avec une lumière visible dans un rayon de 70 kilomètres à la ronde. Sept autres ossuaires sont répartis aux extrémités du cimetière. Un carré musulman réunit les dépouilles de 576 hommes. A l’extérieur du musée, le visiteur peut accéder au champ de bataille et au réseau de tranchées aménagées sur les emplacements d’origine avec canons, mitrailleuses, obus, barbelés, tourelles blindées… Initialement installée dans la nécropole de Notre Dame de Lorette, la statue du général Maistre a été déplacée de 400 mètres, à l’emplacement supposé du poste de commandement du général, en mai 1915 situé en contrebas de l’anneau de la mémoire. Cet ensemble sculpté réalisé par Blondat est dédié conjointement « à la gloire du général Maistre et du 21ème Corps d’Armée », il représente un officier traitant avec bienveillance le fantassin, en contrebas, tombant presque sous le poids de son barda. À l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, un mémorial dénommé « Anneau de la Mémoire » sur lequel sont gravés les noms des 579 606 soldats de toutes les nationalités morts en Flandre française et en Artois entre 1914 et 1918, a été inauguré le 11 novembre 2014 en présence de François Hollande. C’est le premier édifice commémoratif de ce type, présentant de façon universelle tous les combattants, quelle que soit leur origine nationale, sociale, religieuse, érigé depuis la fin de la guerre. La nécropole comporte trois entrées, la principale d’entre elle se situe au sud.
D’octobre 1914 à septembre 1915, la colline de Lorette fait l’objet de combats acharnés entre les armées française et allemande. Cette position dominante, qui s’élève à 165 m au-dessus du niveau de la mer, offre un observatoire exceptionnel sur le bassin minier au nord, et la plaine d’Arras au sud. En une année, 188 000 soldats dont 100 000 Français, sont morts pour défendre ou prendre Notre-Dame-de-Lorette. Durant trois jours de combats, 36 758 hommes sont tombés.
Dès 1919, le site s’impose comme l’espace par excellence où doit être commémoré la mort de milliers de combattants. Un petit cimetière, créé après la bataille de mai 1915, est agrandi afin d’y recevoir les années suivantes les corps de soldats français provenant de plus de 150 cimetières des fronts de l’Artois, de l’Yser et du littoral belge. En 1920, un comité composé de membres du clergé, institutionnels et politiques se structure en association du Monument de Lorette afin de décider de « l’érection d’un monument commémoratif sur la colline de Lorette ». Dès lors, une souscription publique est lancée. La construction de la nécropole est confiée à un architecte reconnu dans le paysage architecturel de la région, Louis-Marie Cordonnier. Elle se déroule de 1921 à 1931. L’inauguration officielle du site a lieu le 22 août 1925 devant près de 100 000 personnes. En 1923, une voie carrossable est aménagée depuis la route reliant Arras à Béthune pour permettre aux visiteurs une meilleure accessibilité au site. En 1929, l’association du Monument de Lorette s’équipe de deux minibus et entreprend la construction de « l’abri des visiteurs » toujours en activité de nos jours. Signalées d’abord par de simples croix latines et emblèmes musulmans en bois, comme dans tous les cimetières militaires français, les tombes de Lorette ont été ornées d’une croix latine ou de stèles musulmanes ou de religion juive en béton ou d’agnostique/athée à partir de mars 1933. En 1950 a lieu l’inhumation dans la crypte du Soldat inconnu de 1939-1945, puis de celui de l’Afrique du Nord le 16 octobre 1977, de celui de l’Indochine le 8 juin 1980. En 1955, y sont transférées les cendres de déportés disparus dans les camps nazis. La nécropole fait l’objet de bien des pèlerinages et cérémonies annuelles en présence de personnalités telles que le roi Georges V en 1922. Chaque année encore, des cérémonies commémoratives y sont organisées. Elle bénéficie d’infrastructures d’accueil pour le public (musée, restaurant) et les gardes d’Honneur de Lorette accompagnent le visiteur.